Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
50                           TIC-TAC.
  — Des comptes... oh n o n ! . . . je n'en rendrai point... Est-ce
que j'aurais ramé à la galère pendant cinq ans pour rien?... Est-
ce que j'en dois des comptes?... D'abord, ce n'est pas dans le
testament... Des comptes!... que l'on m'en parle et l'on verra !
  — Eh ! eh ! ricana dame Sophie, mon petit chéri, tu raconteras
tout ça aux juges quand le mari de la diablesse te fera assigner.
  — Mais, tonnerre de nom ! où donner de la tête alors? Il faut
sortir de là! Voyons, aide-moi donc! trouve un moyen, Sophie !
   — Ah ! si tu avais du cœur ! répondit-elle                  , .

   Si Henriette était morte !
   C'est qu'elle aurait bien pu mourir?
   Pourquoi n'est-elle pas morte !
   Il serait heureux qu'elle mourût !
   Il laut qu'elle meure.
   Elle mourra !
   C'est par une échelle semblable qu'Anselme et sa femme des-
cendirent au niveau du crime, non pas en un jour, mais peu à
peu, en s'arrêtant plus d'une fois sur des échelons intermédiaires
que nous n'avons point indiqués entre ces degrés principaux.
L'homme surtout, soit crainte plus grande, soit dépravation
moindre, hésita souvent à mettre le pied d'une marche à l'autre;
mais dame Sophie était là qui le tirait en bas. Puis, contre sa
coutume, il se mit à boire outre mesure, et Je meurtre d'Hen-
riette admis d'abord comme possible, puis comme utile, puis
comme urgent, fut enfin décidé.
   Restait à chercher un moyen d'exécution qui ne donnât prise
à aucun soupçon.
   Le premier qui se présenta à l'esprit de Sophie fut de faire
tomber, par accident, Henriette dans l'écluse. Anselme se souvint
que Dufour avait appris à nager à sa fille.
   On songea ensuite au poison... On retrouve, dit Anselme, le
poison vingt ans après la mort dans les os du squelette, et dans
les planches du cercueil.
   — Si on la pendait dans sa chambre, émit la mégère, on croi-
rait à un suicide.