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TIC-TAC. 54 — Non, fit observer judicieusement le mari : une vieille femme peut se pendre, une jeune fille s'asphyxie, se noie, se précipite, mais ne se pend jamais. Mais nous ne voulons pas énumérer ici toutes les inventions de messieurs les assassins. Aucune ne fut oubliée par nos deux misérables; aucune non plus ne sourit à Anselme. Sa compagne enrageait à chaque objection ; car le temps se passait. Encore quelques semaines et Henriette aurait, de par la loi, le droit de commander et d'agir à sa guise. Le couteau. Un dimanche, Henriette annonça qu'au sortir de vêpres elle irait rendre visite au père La Rite et ne serait de retour qu'à la nuit. A moitié ivre dès le matin, Anselme continua de boire tout le jour. Les garçons étaient au village et ne devaient rentrer que le lendemain après midi. Dame Sophie jugea l'occasion favorable, et plaçant sur la table une bouteille aux. teintes ambrées, aux flancs pleins de bachiques promesses : — Sais-tu bien, mon ami, dit-elle d'un ton caressant, qus dans trois semaines il faudra liler d'ici ; c'est bien triste, mon pauvre homme ! — A boire, et tant pis ! répondit Anselme avec la philosophie insouciante de l'ivrogne. — Bois, mon ami, bois, reprit Sophie en lui versant une large rasade d'eau-de-vie qu'il avala d'un trait.. — Ce vin blanc est bon ; encore un petit coup. — Doucement, mon Claude ; il faut le ménager... Quand nous n'aurons plus le moulin — et dame Sophie mit la main sur la bouteille, — nous n'aurons plus de vin blanc. — Plus de vin blanc ! tu plaisantes ; j'en veux toujours, et du rouge aussi ! Plus de moulin ! et qui me l'ôtera, million du diable! A boire, femme ! et que l'on essaie ! — A la bonne heure ; montre ce que tu es... mais attends un peu et écoute-moi !