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                    LETTRES INÉDITES

                               DE



 GRIMOD DE LA REYNIÈRE
               A UN LYONNAIS DE SES AMIS.




                                     Paris, 15 février 1796.

   Il s'en est fallu de bien peu, Monsieur, que votre très-aima-
ble lettre du 15 pluviôse, qui m'est parvenue hier 21, n'ait eu
le sort de la précédente; je veux dire qu'elle ne m'ait consolé de
la même espèce de disgrâce. Ennuyé de quatre soirées de suite
passées sans feu dans mon galetas, pendant une pluie glaciale,
je m'étais déterminé hier à aller voir au théâtre Feydeau,
deux pièces en musique qui m'étaient inconnues et dont j'es-
pérais un jour vous rendre compte : Eliza ou le Foyage au
mont St-Bernard et le Pommier et le Moulin de mon ami
Forgeât, j'arrive de fort bonne heure selon mon usage et je
me disposais ù entrer, lorsque je vis que les billets de par-
quet, qui étaient encore la veille à 25 fr., venaient d'être por-
tés sans aucune annonce sur l'affiche, comme c'est l'usage, à
50 fr. J'avoue que je ne crus pas que deux petits opéras va-
lussent cette somme ; je me relirai un peu sol et me disposais
à revenir tristement chez moi me morfondre le reste de la
soirée; lorsque passant devant le théâtre de la République ,
où l'on donnait le Tartuffe et les Amis de Collège, que je
n'étais pas fâché de revoir une seconde fois, je pris le parti d'y
entrer el d'employer en huitaclesde comédie mes 25 fr.,donl