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4S6                       BIBLIOGRAPHIE.

   Plus tard, et dans de plus mauvais jours, a lieu l'entrevue
de Mirabeau avec la reine. C'est une dernière ressource h la-
quelle elle a le courage de se résoudre pour sauver la mo-
narchie. Il faut lire, dans cette poésie éloquente, le récit de
la mémorable soirée où Marie-Antoinette surmonte le dégoût
et l'effroi que lui inspire la vue du fougueux tribun, puis subit
bientôt le charme irrésistible de sa parole, et où, au milieu de
l'orage qui gronde dans l'obscurité, Mirabeau h cette heure,
la plus belle de sa vie, tombe aux genoux de la reine lui jurant
de relever le trône que sa main a fait chanceler.

      Il arriva donc seul, et Marie-Antoinette
      Seule aussi le reçut au pied d'un vieil ormeau;
      En entendant les pas de ce fier Mirabeau,
      Qui fut pour elle injuste et quelquefois infâme ,
      Elle sentit courir le frisson dans son âme.
      Un orage pesait en cet instant dans l'air,
      Et tout à coup parut, sous le feu d'un éclair,
      Cet homme à la structure athlétique et sauvage.
      Des traits grossiers, impurs, donnaient à son visage
      Quelque choseà la fois d'étrange et de hideux.
      A ce farouche aspect, elle ferma les yeux ;
      Et Mirabeau soudain s'en expliquant la cause,
      Dit : « Le temps presse, il faut que sans détour j'expose
      Ce qui faiCun devoir à Votre Majesté -
       D'accueillir les conseils d'un homme détesté.
       Car le trône s'écroule; à tout on peut s'attendre,
       Et qu'importe le bras qui s'offre à vous défendre ? »

      Alors se dessina, sous son hardi pinceau,
      Des partis en fureur le saisissant tableau.
      Comme un torrent fougueux dans sa marche bruyante,
      Sa parole était rude et sa voix effrayante.
      Le tonnerre à son tour y mêlait par moment,
      Tel qu'un lugubre écho, son lointain roulement. *