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BIBLIOGRAPHIE. 279
Les deux ouvrages offrent donc des différences notables.
Aussi, loin de se nuire, se complètent-ils l'un par l'autre et
chacun d'eux a-t-il sa place marquée dans la bibliothèque
de tous ceux qui portent intérêt à l'étude de notre vieux
langage.
Le Glossaire de M. Onofrio se compose, en quelque sorte,
de trois parties distinctes : la première, qui porte le titre
trop modeste d'introduction, est un savant travail, où, avant
d'aborder la question de l'utilité de l'étude du patois, l'au-
teur nous montre dans un tableau saisissant combien de
formes multiples présente le langage suivi en France, aux
diverses époques de notre histoire. Depuis les temps les
plus reculés jamais, en effet, notre pays n'a eu une langue
unique. Avant César, comme après la conquête, au moyen
âge comme de nos jours encore, chaque province a eu son
dialecte particulier. Quand au XVI e siècle, la langue d'oil,
la langue du pays de l'Ile-de-France est devenue la langue
officielle et littéraire, elle n'a pu faire oublier ces nombreux
dialectes, qui auparavant marchaient de pair avec elle et
qui l'ont enrichie d'une foule d'éléments divers. Même de-
puis cette époque, ils n'ont pas cessé de subsister pendant
plus de trois siècles à côté de la langue de Racine et de
Bossuet, sans pouvoir être détruits par les Révolutions po-
litiques et les bouleversements sociaux. De nos jours, ils
vivent encore et nous offrent une littérature riche, variée et
empreinte d'une verve toute gauloise.
Pourtant ce n'est pas seulement au point de vue littéraire
que l'étude des patois présente de l'intérêt. Que de données
lumineuses et fécondes ne fournit-elle pas à l'historien et Ã
l'archéologue! Que d'inductions ne peut-on pas tirer des
formes successives des idiomes locaux pour juger du carac-
tère des populations et des progrès de leur état social !
Aussi, nous dit M. Onofrio, depuis longtemps le vieux lan-
gage de nos pères a appelé l'attention de ceux qui vont
encore demander au passé les enseignements de l'avenir.
Mais quelle place peuvent occuper les patois de nos pro-