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                        DECHAZELLE.                   %   268

 fermés, et qui vivaient là, depuis huit jours, d'un reste
 de colle de farine. Pour moi, qui n'avais pas pu me pro-
curer de passeport, je me cachai chez de pauvres gens,
 tantôt dans un quartier, tantôt dans un autre.
    Pendant ce temps, M. Joanhot de Francfort envoya à
 M. Dechazelle un exprès, muni d'un passeport et de
 100 louis en or, afin de le faire passer en Allemagne. Cet
exprès fut obligé de retourner sans avoir pu le découvrir.
M. Dechazelle, menacé d'être mis sur la liste des émi-
grés, vint faire acte de présence à Lyon. Sa maison de la
ville fut transformée en caserne, et celle de la campagne
mise sous le séquestre. Alors il se décide à fuir et à se
diriger sur la capitale, où tant de gens riches des pro-
vinces étaient perdus dans la foule.
    Le fameux banquier de Laborde, qui avait quitté
Paris pour se cacher aux environs de Lyon, parvint à
l'aide du maître de Parcieu, à se renfermer dans la mai-
son séquestrée de M. Dechazelle. Si ce Crésus eût voulu
rester ignoré dans cette cachette, plutôt que de retourner
dans la capitale, il aurait été sauvé; mais son mauvais
génie le guidant, il ne se fut pas mis en route, qu'il fut
arrêté, conduit à Paris sur une charrette et guillotiné.
    M. Dechazelle p!us heureux avait fait la connaissance
d'un membre de la commission temporaire établie à la
Croix-Rousse, dans la maison de campagne d'une de ses
sœurs. Ses bonnes manières adoucirent ce tigre, au point
qu'il vint à bout de faire ôter les scellés de sa maison des
champs. Là, nous restâmes quelque temps oubliés, à
l'abri de l'orage. Après avoir passé un mois dans cette
solitude, où nous gémissions en secret, il fallut déguer-
pir; car alors, comme on sait, sous le régime de Robes-