page suivante »
DANS LES ALPES. 231 le grain ; septembre cueille des fruits ; octobre vendange ; novembre herse ; et décembre fend du bois. Tout cela est admirablement conçu et exécuté. 11 est difficile, même a Rome et à Naples, de voir un morceau plus complet et plus soigné. Quant au dyptique, il représente l'empereur Constantin en habit de cour , d'un côté , et de l'autre , en costume de guerre. C'est une sculpture sur ivoire, en relief, d'une fi- nesse achevée et d'un dessin irréprochable. Il fut, dit-on , donné 'a Augusta Praetoria, par le vainqueur de Maxence lui-même. Je recommande avec enthousiasme ces deux chefs-d'œu- vre à tous les touristes amateurs. Leur contemplation les paiera de bien des fatigues. Qu'ils n'oublient pas non plus d'aller visiter l'église Saint-Ours et son cloître attenant, avec les remarquables chapiteaux du XIme siècle (1). Puis quand l'œil s'est repu de toutes ces curiosités, et que, quittant l'intérieur de la ville, on fait le tour des vieux remparts, on regarde avec attendrissement une tour carrée, d'apparence austère et mystérieuse, où la tradition veut que se soit passé un drame émouvant. C'est là qu'aurait langui et vécu le lépreux de la cité d'Aoste ; et de suite l'on retrouve dans sa mémoire une page attendrissante du doux Xavier de Maistre, où la figure de l'immortel paria resplendit de cette mélancolique auréole que les siècles n'éteindront pas ! Et cependant, s'il faut en croire la critique, la tradition ne date que de l'écrivain ; le lépreux et sa création, un type conçu dans sa pensée, admirable privilège du génie d'impri- mer a ses fictions le cachet d'immortalité qui les perpétue (1) Au moment où je visitais Aoste, M. Aubert, savant archéolo- gue, mettait sous presse une monographie du plus haut intérêt sur le val et la cité d'Aoste. Je suppose qu'elle a paru à l'heure où j'écris.