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                       POÉSIE.
                   Ts^S^<&©<§X




            LA       MUSELIÈRE


      Un jour d'été, que ma Muse écolière,
        Errant de buissons en buissons,
      Cherchait des airs pour ses chansons,
      Et, commentant Courier, croyait lire Molière,
        Je vis, au détour d'un chemin,
      Certain bourgeois, tenant un livre en main,
        Pas mesurés, allure cavalière,
      Suivi d'un chien qui, dans ses jeux,
      Paraissait moins triste qu'heureux,
        Bien qu'il portât sa muselière.
      — Le maître avec bonheur, par moments, la lançait,
        Comme s'il eût fait une étude,
      Et le caniche alerte aussitôt s'élançait,
        — Tant il en avait l'habitude —
      Et rapportait aux pieds de l'homme satisfait
        L'instrument de sa servitude.


Cet exercice-là continua longtemps.
— « Mon Dieu ! dis-je en moi-même, un pareil passe-temps
Peut donc être un plaisir, ou sembler le paraître?
Mais un doute aussitôt me rendit hasardeux:
« — Lequel est, dites-moi, plus à plaindre des deux,
      Est-ce l'Esclave, est-ce le Maître? — »
                                  Léon   GONTIEH.

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