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                     CHRONIQUE LOCALE.-




   Nous nous sommes plaint souvent de la difficulté de trouver des
documents historiques exacts, des faits vrais, des dates justes; il
semble que la plupart du temps l'histoire ancienne ait été écrite par des
poètes et l'histoire moderne par des romanciers.
   De nos jours, où les arts du dessin prêtent un si large concours à
la plume de l'écrivain, le péril n'est pas moins grand ; partout l'erreur
se glisse, l'a peu près domine, la fantaisie triomphe et l'homme
d'études dérouté, en voyant comment on défigure les faits contempo-
rains, en vient à douter en masse du passé.
    Quels services ne rendraient pas les journaux illustrés, si, moins
pressés et plus sévères, ils n'admettaient que des représentations
exactes et des vues ressemblantes ; mais que pour connaître une fête
ou une catastrophe on ouvre deux de ces feuilles, une si grande, diffé-
rence règne entre leurs magnifiques dessins qu'on se demande volon-
tiers si jamais les artistes ont vu les lieux, les faits ou les événements
qu'ils ont eu l'intention de représenter.
    Que de batailles et de naufrages faits à la hâte dans le silence du
cabinet, quand on ne se contente pas de changer l'inscription au bas
d'une vieille bataille ou d'un vieux naufrage !
    La terrible catastrophe qui a épouvanté Lyon le mois dernier ne
pouvait manquer d'exercer le talent de nos artistes en illustrations. Le
premier, dès le 23 juillet, l'Univers illustré représentait sur une
 rivière qui n'était pas la Saône, près d'un pont* qui certainement
 n'était pas le pont de Nemours, en présence d'un quai qui n'était pas le
quai Saint-Antoine, le naufrage d'une foule immense précipitée, de
l'avant à l'arrière, et dans toute sa largeur du haut d'un grand bateau
à roues sans cabines qui ne ressemblait en rien à la Mouche n* 4,
léger bateau à hélice dont la construction avait un type particulier.
    Mieux servi, le Monde illustré s'emparant d'une Vue du coteau de
Fourvière par Joguet, a jeté sur la Saône, sur notre véritable Sâôner,
une Mouche dont la barrière brisée laisse tomber dans \e gouffre sèÉ
voyageurs. Malheureusement l'àrSste s'est- trompé' <ïe numéro et