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                         POÉSIE.

                AU FOiND D'UNE CAVE.

Dans la nuit d'une cave, un rayon d'or tombait;
Un rayon dans lequel une blanche poussière
En tourbillons légers montait et descendait.
      Profitant de cette lumière,
    Une araignée à ses fils travaillait.
On entendait voler une mouche imprudente ;
Une souris sans but galoppait frétillante,
Tandis que deux gros rats s'étrillaient le museau.

       Quoique n'étant pas buveurs d'eau
       Les tonneaux sont fort taciturnes ;
        C'est le fait des êtres nocturnes.
Cependant, excité par le joyeux tableau
   Que présentait en ce moment la cave,
L'un des tonneaux qui la meublaient sentit
       Se dissiper son humeur grave :
— « H é ! hé ! voisin, dit-il, toujours l'air déconfit?
C'est gémir trop longtemps, Seigneur de La Piquette;
Bien des gens prisent fort la liqueur aigrelette,
Qu'après certain bourgogne on amise chez vous;
Les cochers, les maçons, par exemple, en sont fous. »
   Le tonneau bafoué répondit : « — Dans la vie
Souvent dû tristes jours l'allégresse est suivie.
Du reste, beau Monsieur, à parole impolie,
Le gosier d'un maçon vaut bien celui d'un roi.
Tenez, très-franchement, vous gagnez à vous taire. »
L'autre reprit.: — « Oh! le bourru, ma foi!
J'avais mieux auguré de votre caractère.
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