page suivante »
6 LA LOCOMOTIVE. Et vous, vierges au front serein, Oh ! ne dédaignez pas de tresser, de suspendre Des couronnes de rameau vert Aux flancs du charriot qui vomit de la cendre : Sous les feuilles cachez le fer î 11. 11 ne va pas, traînant baliste et catapulte. Forcer barrières et remparts, Et dans le sein meurtri des cités en tumulte Lancer les torches et les dards ; La désolation ne marque point sa trace ; Celui qui règle son essor, Ce n'est pas un guerrier, un prince, un chef de race; Portant couronne ou casque d'or ; Ce n'est point une armée, ô villes, qu'il amène Au pied de vos murs aujourd'hui, Ce sont tous les enfants de la famille humaine ; Allez donc au devant de lui ! A ces hôtes nouveaux offrez dans les corbeilles, Avec les pains de pur froment, Les fruits de vos climats, les raisins de vos treilles ; Offrez, rouge d'un vin fumant, La même coupe à tous ; ne dressez qu'une table Où ces frères viendront s'asseoir : Ceux des pôles glacés, ceux des pays du sable, Des mers de l'aurore ou du soir ; Puis, échangez vos biens, votre or, vos pierreries. Le fer, la houille et le corail, Les richesses du ciel, filles de vos patries, Et celles filles du travail, Vos livres, vos pensers, vos lois, afin que l'homme, S'agrandissant en cet hymen.