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 « Quand la saison des fruits se montre complaisante
 « Au vendangeur heureux de sa charge pesante.



«   Viens donc dans mon jardin : j'ai pour loi, tout exprès,
«   Arrangé cet asile où tu prendras le frais.
«   La serpe, l'autre jour, entre mes mains novices,
«   M'entama ces deux doigts : vois quelles cicatrices !
«   Ce fut quand je taillai ces touffes de lilas
«   Pour ôter les rameaux qui s'inclinaient trop bas,
«   Puis je t'ai préparé ce siège de verdure :
«   Pour ton corps délicat la pierre était trop dure.



«   Sur les bords d'un ruisseau j'ai pris du sable fin,
«   Et j'en ai parsemé tout ce petit chemin.
«   A l'entour j'ai planté les blanches marguerites,
«   Car je sais que ces fleurs sont tes fleurs favorites.
«   Afin de t'appeler par un dernier attrait,
«   Ici j'ai suspendu l'instrument qui te plaît.
«   D'un vieux musicien je tiens celle guitare
«   Incrustée avec art de dessins en bois rare.



« Mais quoi ! mon tendre amour, mes soins et mon jardin,
« Celle que j'aime, hélas ! a tout pris en dédain,
« Elle dit que l'amour ne sied pas à mon âge,
« Et que tous mes soupirs ne sont qu'enfantillage.
« Ingrate, qui reçois avec un ris moqueur
« L'amour si bien senti qui me gonfle le cœur!
« Va! les temps sont venus d'être aimé dès qu'on aime ;
u Et l'amour n'est-il pas, d'ailleurs, enfant lui-même? »