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78 jurerait qu'il gèle. 11 y a pourtant des qualités dans ce tableau. Nous n'oserions en dire autant de celui dont l'auteur se cache sous les initiales G. M. Nous lui pardonnons cette déplora- ble médiocrité en faveur de sa modestie. Le Soir, de M. Guillemin, est une de ces petites toiles réussies, comme les artistes en trouvent dans leurs bons jours. Nous avons quelques tableaux de Genève : nous citerons ceux de M. Sutter, lesquels sont peu genevois -, M. Diday, au contraire, est plus que jamais de son pays. Les six tableaux de M. Hostein ne sont pas tous d'un mérite égal et prouvent l'abus que cet artiste fait de sa facilité : la Digue est d'un ton lourd et blafard, et les eaux ne sont pas vraies; il est impossible qu'elles puissent venir tomber en cas- cade sur le devant, en partant du point d'où elles s'élan- cent ; elles devraient tout simplement suivre l'inclinaison que le ternrifl leur présente. Le Château de Joyant est un peu crû; la Chapelle de Chabrillanl est d'un joli ton, fin et frais, le ciel est heureux. Il y a dans l'entrée du village de Chabril- lant un fort joli effet de soleil, mais l'intention de donner de la fermeté à la touche a amené un peu de dureté dans les dé- tails ; le meilleur, à notre avis, est la vue d'Anonnaij, où l'on trouve de la correction et du style. Somme toute, l'exposition de M. Hostein, quoique satisfaisante, est bien inférieure à celles des années précédentes. Venise appartient à M. Joyant ; à lui les balcons élancés sur le Canale grande; les barques amarrées, et les filles de doges qui descendent les marches des palais; à lui les rideaux de brocart aux fenêtres moresques, les gondoles portant mysté- rieusement d'élégants cavalieri et de nobles dames ; il rend tout cela avec un art infini, mais il manque un attrait à celte peinture pour que la foule y accourt et se passionne; cette belle exécution n'est que de l'architecture, tandis qu'il était facile de l'employer d'une façon plus séduisante pour