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                              SI.S
où il ne met pas son lorgnon. Inutile d'ajouter qu'il fait
partie de la commission de la Société des Àmis-des-Arts de
son endroit, quand il n'en est pas le président. Si par mal-
heur il joue de l'accordéon, il se persuade qu'il est musicien.
Alors, fou de musique religieuse, il projette une messe, cinq
ou six Stabat, autant de Requiem ; il décide entre Palestrina
et Pergolese en faveur du Postillon de Lonjumeau. Il lit
Georges Sand, comme morale, et Paul de Kock, comme
étude de mœurs.
   Que si l'on nous demande à quel signe extérieur on r e -
connaît le néo-chrétien, nous répondrons : son masque, bouffi
d'une niaiserie papelarde qui a fini par rentrer sous l'ùpidcrme,
offre l'immobilité du diplomate moins la finesse ; il a l'épine
dorsale souple, le cheveu gras, l'ongle négligé ; à ses dé-
buts, il porte la barbe comme le commun des rapins, mais
plus lard les purs se rasent comme des marguilliers. Par
une faiblesse qui lui est commune avec LouisXIVetNapoléon,
il aime a poser; dans le monde il baisse les jeux, et a la
parole emmiellée ; dans les mystères de l'atelier, il jure comme
un matelot provençal, et lutine son modèle.
   A tout prendre, dira-t-on. ceci n'est qu'une manie, un
travers, une conséquence des faiblesses humaines ; qui donc
en est exempt ? Si le néo-christianisme n'était qu'un ridicule,
nous laisserions au temps le soin d'en faire justice; mais
quand nous voyons le peuple le plus spirituel de la terre,
comme on nous appelle nous autres Français, se prendre
à cette banque, nous croyons remplir un devoir de conscience
en disant que les spéculations néo-chrétiennes sont aujour-
d'hui la roule la plus sûre et la plus facile pour arriver au
crédit, aux honneurs et à la fortune. Dans notre siècle de
laisser faire, de laisser passer, l'apostolat est une industrie
qui offre des bénéfices certains, et n'expose à aucun danger.
Dans le temps où, en prêchant la foi, on bravait le Cirque,