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28 Un personnage de ce crédit tut regardé comme une pré- cieuse acquisition pour la communauté ; le bruit s'en r é - pandit rapidement, sans exciter beaucoup de surprise, pareeque des cas semblables n'étaient pas rares. Les bons en bénirent le Seigneur; Buonvicino fut plus aimé de ses amis, plus respecté de ses maîtres ; les méchants eux-mêmes, à présent qu'il ne faisait plus ombrage, confessaient ses mérites et ses vertus. Quant à lui, savourant celle paix de Dieu qui surpasse tout entendement, il s'appliqua pendant quelque temps aux soins communs de son nouvel état ; résolu ensuite de se faire ordonner prêtre, tant pour s'exercer à la patience que pour acquérir des connaissances utiles à tous, indispensables dans un prêtre, il se prit à copier la sainte Bible. Oh ! alors quel aliment il trouva pour l'intelligence cl le cœur ! Outre la révélation des vérités d'en haut, quel soulagement à ses revers, quelles consolations n'en rapporla-l-il pas ! quelle impulsion au bien ! Dans les chants des prophètes, il sentait continuellement cel amour de la patrie qui lui échauf- fait la poitrine. L'infortune y esta chaque instant relevée par l'espérance ; l'injustice qui domine ou manifestement ou sous le voile du droit, trouve là un incessant appel à d'autres jours, à un autre juge. La concorde, l'amour, l'égalité animent d'un bout à l'autre ce livre. Baouvieino, en l'étudiant, observait combien les hommes s'en écartent, car ils travaillent pour des fins particulières, cl non pour l'avantage commun ; se di- visent en oisifs qui jouissent et en travailleurs qui peinent à l'œuvre, en pervers qui (rompent et affligent, et en hommes loyaux qui font du bien ou souffrent. Mais loin d'y puiser de la haine pour les uns, du mépris pour les aulres, il les embras- sait tous dans une généreuse bienveillance et dans l'intention de les rendre amis, de faire concourir leurs efforts à ce qui est la condition première de tout progrès social, la moralilé.