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Je veux que sur ses traits la virginité brille.
Effacer cette empreinte, en lui plAlranl le Iront,
C'est effacer l'honneur pour imposer l'affront.
Le fard peut rajeunir la vieillesse ridée,
Mais il déflorerait la jeune et fraîche idée :
En elle tout esl beau de sa propre beauté ;
Elle n'a pas besoin d'ornement emprunté.
Quand Phidias sculptait ses divines statues,
Il ne les drapait pas, mais il les faisait nues.
L'homme élait sans parure au temps de sa grandeur ;
C'est en quittant l'Eden qu'il apprit la pudeur.
Ainsi la poésie : alors qu'on la fait grande,
Il ne faut pas couvrir son corps d'une guirlande.
Les fleurs, sans les orner, cacheraient ses appas.
Quand on veut les cacher, c'est qu'ils n'existent pas.
A mon avis, enlin, les grands mots et l'emphase
Ne sont que faux brillants sous lesquels on l'écrase.
Si c'est par cet endroit qu'un auteur doit briller,
Celte gloire est facile au plus mince écolier.
Le vrai génie est simple, et sa muse se pique
Moins de l'expression que du sens poétique.
() sainte Poésie ! ô- ma divinité !
Je ne montrerai plus ta chaste nudité.
Je garderai pour moi désormais ton idole,
Sans l'exposer aux yeux de la foule frivole.
Si j'avais eu ma force égale à mon désir,
A ton culte j'aurais consacré mon loisir,
J'aurais voulu te mettre, idole bien aimée,
Plus haut que tout nuage et que toute fumée ;
Mais, plutôt que de voir un ignorant mépris,
J'aime mieux te briser et cacher les débris.
[Revue de la Province et de Paris').
                               EDOUAHI) LASSKM-:.