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 mais non tellement absolu qu'il ne subordonnât souvent ses doctrines à celles
 de Port-Royal, dont il s'honorait d'être l'interprète. C'est un fait qui ne
 peut être contesté. Il est donc à présumer que les changements posthumes
 apportés à l'oeuvre des Pensées auraient été approuvés et peut-être exécutés
 par Pascal lui-même, si Pascal      avait vécu ; car on ne saurait supposer,
 dans l'état connu de ses rapports avec Port-Royal, qu'il eût publié cette
 ébauche de livre, sans l'aveu de ses amis. En considérant.la chose sous cet
 aspect qui me parait son aspect véritable, on se trouvera sans doute moins
 disposé à prêter une grande importance aux variantes d'un brouillon informe,
 qui a partout l'élan, et tranchons le mot, la témérité du premier jet. Ce
 n'est pas sur les improvisations d'un esprit très souverain, mais profondé-
ment préoccupé, qui se propose à tout moment des objections, sans avoir le
 temps d'y répondre, et sans savoir s'il y répondra, qu'on voudra juger de la
foi de Pascal, et je crois qu'on fera sagement de s'en abstenir. Au surplus,
cette question qui offre un véritable intérêt littéraire, car, sous le point de
vue littéraire, il n'y a pas une ligne de Pascal à dédaigner, est totalement
insignifiante sous le point de vue religieux. Pascal n'était-il séparé de l'athéisme
que par la peur? Cela est fort triste à comprendre, et fort triste à avouer,
mais cela serait fort possible, et, en dernière analyse, cela serait fort indiffé-
rent ; j'irai même plus loin, puisque m'y voilà ; si ce doute se résout jamais
par l'affirmation, il faudra en féliciter les Jésuites. »

   Nous aimons beaucoup mieux, pour notre part, ces sages réflexions de
M . Nodier que l'espèce de joie de M . Cousin s'imaginant avoir rencontré
un athée. Quant à l'affaire dans laquelle se sont trouvés mêlés MM. Cousin et
Damiron, elle doit ôter au premier l'envie d'accuser encore les Port-Royalistes
au sujet de Pascal. Le volume de M. Cousin est curieux et écrit d'un beau et
bon style ; comme renseignement littéraire, il est utile à consulter ; comme
valeur philosophique, il ne changera rien à ce qui existait.
  — M . Antoine Faivre, dont nous avons plusieurs utiles publications, qui
se rattachent spécialement aux lettres chrétiennes, a mis au jour, voilà quel-
ques mois déjà, une Démonstration de la vérité évangéliqne. par les philosophes
païens (Lyon, Périsse, un vol. in-8"). I,'auteur de cette savante apologie,
Tlieodoret,   évèque de Cyre, vivait au commencement du V e siècle. Son
livre, composé de douze discours, est la continuation de la grande lutte dans
laquelle on vit figurer Tertullien, qui s'est placé au-dessus de tous les apo-
logistes d'alors par l'audace et la puissance de son génie. Théodorct, sans
avoir la même vigueur, n'en est pas moins curieux à étudier, curieux tout
ensemble pour le philosophe religieux et pour le savant profane ; car l'évêque
grec sait beaucoup ; il connaît à fond, il cile coiiîinuellement ses poètes,