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339 mais non tellement absolu qu'il ne subordonnât souvent ses doctrines à celles de Port-Royal, dont il s'honorait d'être l'interprète. C'est un fait qui ne peut être contesté. Il est donc à présumer que les changements posthumes apportés à l'oeuvre des Pensées auraient été approuvés et peut-être exécutés par Pascal lui-même, si Pascal avait vécu ; car on ne saurait supposer, dans l'état connu de ses rapports avec Port-Royal, qu'il eût publié cette ébauche de livre, sans l'aveu de ses amis. En considérant.la chose sous cet aspect qui me parait son aspect véritable, on se trouvera sans doute moins disposé à prêter une grande importance aux variantes d'un brouillon informe, qui a partout l'élan, et tranchons le mot, la témérité du premier jet. Ce n'est pas sur les improvisations d'un esprit très souverain, mais profondé- ment préoccupé, qui se propose à tout moment des objections, sans avoir le temps d'y répondre, et sans savoir s'il y répondra, qu'on voudra juger de la foi de Pascal, et je crois qu'on fera sagement de s'en abstenir. Au surplus, cette question qui offre un véritable intérêt littéraire, car, sous le point de vue littéraire, il n'y a pas une ligne de Pascal à dédaigner, est totalement insignifiante sous le point de vue religieux. Pascal n'était-il séparé de l'athéisme que par la peur? Cela est fort triste à comprendre, et fort triste à avouer, mais cela serait fort possible, et, en dernière analyse, cela serait fort indiffé- rent ; j'irai même plus loin, puisque m'y voilà ; si ce doute se résout jamais par l'affirmation, il faudra en féliciter les Jésuites. » Nous aimons beaucoup mieux, pour notre part, ces sages réflexions de M . Nodier que l'espèce de joie de M . Cousin s'imaginant avoir rencontré un athée. Quant à l'affaire dans laquelle se sont trouvés mêlés MM. Cousin et Damiron, elle doit ôter au premier l'envie d'accuser encore les Port-Royalistes au sujet de Pascal. Le volume de M. Cousin est curieux et écrit d'un beau et bon style ; comme renseignement littéraire, il est utile à consulter ; comme valeur philosophique, il ne changera rien à ce qui existait. — M . Antoine Faivre, dont nous avons plusieurs utiles publications, qui se rattachent spécialement aux lettres chrétiennes, a mis au jour, voilà quel- ques mois déjà , une Démonstration de la vérité évangéliqne. par les philosophes païens (Lyon, Périsse, un vol. in-8"). I,'auteur de cette savante apologie, Tlieodoret, évèque de Cyre, vivait au commencement du V e siècle. Son livre, composé de douze discours, est la continuation de la grande lutte dans laquelle on vit figurer Tertullien, qui s'est placé au-dessus de tous les apo- logistes d'alors par l'audace et la puissance de son génie. Théodorct, sans avoir la même vigueur, n'en est pas moins curieux à étudier, curieux tout ensemble pour le philosophe religieux et pour le savant profane ; car l'évêque grec sait beaucoup ; il connaît à fond, il cile coiiîinuellement ses poètes,