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jalonné le monde, enfin, elle se ménage des alliances puis- santes et prépare de malveillantes neutralités. Toutes ces manœuvres de l'Angleterre ont surtout pour objet de !a mettre en état d'attaquer et de vaincre la France dont la gloire l'offusque,dont les succès industriels la ruinent. Elle comprend, en effet, que la France est le chef inoral de celte concurrence, cause de tous ses dangers et de tous ses dommages. Elle comprend que, la France abattue, son triom- phe sur les autres peuples sera facile et certain. Ce n'esl pas d'hier, ce n'est pas de ces dernières années, ce n'est pas de ce siècle que date cette rivalilé de l'Angleterre et de la Fiance. Il est remarquable qu'une sorte de fatalité semble avoir prédestiné les intérêts français et les intérêts britanniqnes à être toujours en opposition direcle, de telle sorte que les désastres éprouvés par la France ont toujours été le signal, et probablement aussi la cause, d'un accroisse- ment de puissance politique et de prospérité industrielle pour l'Angleterre. Cette réaction singulière, qui ressort avec une saisissante évidence de l'examen des événements historiques en ce qui concerne les résultats politiques, est amplement démontrée aussi, en ce qui concerne les résultats commer- ciaux, par l'oscillation des chiffres représentant, à diverses époques, la somme des exportations annuelles de chacun de ces deux pays. Le chiffre des exportations peut servir à apprécier la si- tuation industrielle et commerciale, c'est-à -dire la richesse réelle des nations. La somme annuelle des importations d'un peuple donne, en effet, seulement la mesure des services qu'il demande, tandis que la somme annuelle de ses expor- tations fait connaître l'étendue des services qu'il rend aux autres peuples. En comparant la somme annuelle des ex- portations de l'Angleterre et de la France à diverses époques, on peut donc établir une appréciation à peu près exacte des diverses phases éprouvées par la prospérité de ces pays.