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139 La France et les autres nations peuvent elles accepter celte funeste chance? Ah! mieux vaudrait succomber dans une no- ble résistance ! Mais la résistance ne saurait offrir de dangers réels si elle est organisée avec une intelligente et énergi- que volonté, car l'Angleterre sera d'autant moins hardie et d'autant moins forte que ses rivaux se montreront plus ré- solus et mieux préparés. La France est la plus menacée, c'est à elle à donner l'exem- ple de la prudence et de la résolution; et comme c'est sur mer qu'aura lieu la lutte, c'est sur mer qu'elle doit se fortifier. Celte impérieuse nécessité qui oblige la France à renforcer sa puissance maritime n'a rien de défavorable. Pour se fortifier sur mer, en effet, il ne suffit pas de garnir de soldats et de hérisser de canons ses côtes maritimes, il ne suffit pas d'avoir de nombreux vaisspaux de guerre bien armés et montés par de vaillants équipages, il ne suffit pas d'avoir des colonies sur divers points du globe, il faut, encore posséder une marine marchande nombreuse et active, formant en quelque sorte une armée de matelots placés en réserve el prêts, au premier besoin, à recruter ou à doubler la marine militaire. Or, pour avoir une marine marchande capable de rendre cet indispen- sable service, il faut favoriser par des mesures intelligentes le développement du commerce et de la prospérité des co- lonies ; el comme la prospérité des colonies el les développe- ments du commerce ont pour effet nécessaire d'augmenter les débouchés, c'est-à -dire de favoriser la production, il résulte de cet enchaînement heureux de réactions favorables qu'en facilitant l'accroissement de sa marine marchande, un peuple travaille d'une manière efficace à l'accroissement de la pros- périté générale du pays. Pourquoi donc hésiterions - nous à fortifier noire puis- sance maritime, puisque celle mesure peut exercer en même temps une si heureuse influence sur notre avenir politique, sur le développement de notre commerce el sur la prospérité de nos industries? Craindrail-on de faire naître chez les autres