page suivante »
94 plètement que possible. D'après les curieuses recherches de M. Eliede Beaumont, la hauteur de leur point de départ dans les Alpes, est d'environ 2,500 mètres; elles ont passé sur le Jura à des altitudes de 1,100 mètres à peu près. Que l'on calcule donc d'après cela, et à l'aide de formules connues, la vitesse d'un pareil courant, et l'on arrivera à trouver qu'elle peut at- teindre, et même dépasser celle des plus forts ouragans; cette vitesse, multipliée par la masse, pourra rendre raison des effets les plus énergiques, et si, dans quelques-uns de nos orages, on a pu voir de simples grêlons, poussés horizon- talement parle vent, graver sur un crépissage en pMlre des sillons aussi nets que ceux qu'auraient pu produire des balles de fusil, pourquoi refuserait-on d'admettre que des gros quarzites anguleux, entremêlés de sables, et cheminant avec des vitesses analogues, auraient pu rayer les flancs des roches qu'ils ont coudoyées en passant. La force de transport des cours d'eau est suffisamment connue, un simple torrent ordinaire, dont la pente est de 1°, 5 seulement, roule souvent des blocs de 0 m , 50 de longueur ; la débâcle du lac de Bagnes occasionna le transport de centaines de blocs de granit, dont l'un avait dix mille pieds cubes de volume; quel effet prodi- gieux ne produira donc pas un torrent gigantesque, tel que celui qui vient d'être défini; évidemment aucun des déblais, aucun des transports, aucune des découpures, aucune des or- nières exprimées sur nos plaines et sur nos roches, ne sera inexplicable avec le secours d'un pareil agent. Mais c'est assez nous arrêter dans le champ des hypothèses; passons enfin à l'exposé des fails qui sont survenus dans l'in- térieur de la France, en faisant abstraction des Alpes, où ils ont été suffisamment décrits, quoique avec des vues bien diffé- rentes, par de Saussure, André de Gy, Elie de Beaumont, Charpentier, Agazzlz, etc., etc. En nous permettant d'appré- cier le volume des eaux et leur hauteur, ils porteront mieux la