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                         LA   MÈRE.


                               Oui... mais voilà de l'eau !

    Puis, après cette scène colorée à l'orientale, c'est Judith
qui se montre, à l'heure de l'aumône, dans toute sa douleur
de veuve et de juive, qui prend sa grande résolution, sous
l'inspiration divine, au milieu de la foudre et des éclairs,
comme Moïse reçut les tables de la loi.

       Sinaï ! Sinaï ! Je vois briller lesflammes!..
       Le Seigneur me choisit entre toutes les femmes.
       Il ouvre devant moi le livre des destins...
       Il a jeté mon nom dans les siècles lointains!
       Il commande... sa voix parle dans l'orage...
       Qu'entends-je? ah! cet effort surpasse mon courage...
                                 ( Le tonnerre gronde).
       Quoi ! seule... dans son camp, Seigneur!.. Seigneur, j'irai.
                                  ( L'orage redouble).
       Prendre un glaive et frapper, Seigneur!., je frapperai.

   Ces deux mots terribles, j'irai, je frapperai, prononcés
entre deux éclairs qui montrent le front pâle et couvert de
sueur froide, qui s'incline sous la volonté du grand Dieu
d'Israël, sont pleins de terreur el de résolution sublimes. Il y
a dans celte scène la révolte et la soumission à la fois. C'est
la grande lutte nocturne de Jacob qui sent à la fin le genou
divin sur sa poitrine. Ces deux mots doivent être d'un grand
effet et d'un grand effroi, si l'actrice les dit comme du fond
d'une vision, la face contre terre, pleine de foi et d'épouvante,
avec prostration de la chair el fermeté de l'esprit.