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apporté sa part de travail dans celte longue et sérieuse réno-
vation de la pensée. Mais, il faut le dire, et cela de l'aveu
même de l'illustre chef l'ôeoleTraiiçaise actuelle, l'impulsion
première, véritable et profonde, lui est venue de l'Alle-
magne.
   La philosophie allemande offre les mômes caractères que
la philosophie grecque, et semble devoir former avec elle les
deux plus grands mouvements philosophiques que le monde
ait vus jusqu'ici s'accomplir. En Allemagne, comme en
Grèce, la philosophie a un caractère historique et tradition-
nel. Ce n'est pas un besoin accidentel et extérieur, une
direction momentanée, mais l'expression la plus spontanée,
la forme la plus intime et la plus profonde de l'esprit alle-
mand. La vie de la pensée est la vie de ce peuple. Saisir
dans la pensée le principe des choses, c'est son besoin, son
instinct. Aussi tout y porte ce caractère ; religion, science,
arts, tout y a un caractère philosophique.
   Mais que's sont, dit-on, les résultats qu'ont produit celte
philosophie, ces systèmes qui se sont succédés avec une si
étonnante rapidité?
   Les idées, lors de leur première apparition dans le monde,
sont repoussées et vaincues par la réalité. Ce qui est a pour
lui la sanction des siècles, s'est, en quelque sorte, identifié
avec l'homme, a pris une forme arrêtée et concrète, qui est
devenue la forme môme de la vie humaine. Mais l'idée qui
se dégage à peine des profondeurs de la pensée, flotte pen-
dant longtemps vague et indécise avant de revêtir une forme
sensible, et de tomber sous la conscience commune. C'est là
ce qui arrive aux doctrines philosophiques. Elles demeurent,
lors de leur apparition, à l'étal d'abstraction, elles ne vivent
que dans la pensée du philosophe ; et voilà ce qui fait principa-
lement croire que les résultats de la philosophie ne sont que
négatifs. Mais peu à peu la pensée s'arrête, prend une forme