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382 vivante, pénètre dans la réalité, et s'empare de la conscience. Tel est l'état de la philosophie allemande. Son évolution est accomplie ; elle a passé par toutes les phases de la pensée, avant d'arriver à son plus haut degré de synthèse et d'unité. Nous croyons qu'elle a dit son dernier mol ; mais elle n'a pas encore produit tous ses résultats. Quoiqu'on en dise, celte philosophie a un sens profondément historique, elle a sa source dans la nature et la vie sociale d'un peuple ; elle a donc une œuvre à accomplir dans l'histoire de l'humanité. La philosophie allemande doit opérer dans l'ordre moral et intellectuel ce que la révolution française a opéré dans l'or- dre social et politique. Toutes deux ont leur raison dans l'his- toire ; toutes deux tendent au môme but. Le principe d'où elles émanent est le môme ; c'est le besoin de la science et de la liberté, deux besoins qui se produisent et grandissent simultanément dans l'esprit de l'homme : on pourrait môme réduire ces deux besoins à un seul, au besoin de la liberté, la science n'étant que la liberté de la raison et de la pensée. Si les résultats, que la révolution française a déjà obtenus, ont été plus brillants et plus rapides, c'est qu'elle agissait dans le monde des faits, et que la force était son instrument. La philosophie agit dans le monde des idées, et son instrument c'est la pensée. Sa marche est plus lente, plus pénible, plus silencieuse ; mais ses résultats seront plus stables et plus décisifs. Car elle s'adresse à ce qu'il y a de plus intime et de plus profond dans l'homme, sa raison et sa conscience. La logique d'Hegel est un des plus grands monuments de la science moderne. J'avais d'abord pensé d'en publier une traduction, qui existe, presque en entier, dans mon porte- feuille ; mais les difficultés matérielles, que l'on rencontre dans la publication de ces sortes d'ouvrages, m'ont déterminé à différer et à n'en donner, pour le moment, qu'une ana- hsc.