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380 grandes civilisations, des résultats. Ce ne sont pas des œ u - vres instantanées, accidentelles, fruit d'une pensée excen- trique et solitaire, mais le résultai du travail des siècles, et l'expression vraie et profonde de la réalité. À toutes les épo- ques, l'homme éprouve le besoin de philosopher, parce que la raison vit et s'agite toujours en lui ; mais c'est surtout au moment, où de grandes transformations sociales s'accom- plissent, que la conscience philosophique se réveille avec plus de force, que la philosophie se montre comme un be- soin universel, qu'elle pénètre plus profondément dans la vie et la réalité, et qu'elle se constitue el s'organise en une forte unilé. C'est aussi dans ces moments, que la vie des peuples se déploie dans toute son énergie et sa richesse sur les deux sphè- res de la pensée et de l'action. Les divers éléments, les puis- sances diverses d'un peuple se concentrent alors dans quelques hommes extraordinaires , qui se les assimilent, comme la plante s'assimile les éléments qui l'environnent, et qui leur donnent, pour ainsi dire, la plus haute expression et l'unité. C'est la même époque, en effet, qui a vu naître , d'un côté , Alexandre, César, Napoléon, et de l'autre, Platon, Àristote, Kant, etc., etc. On dirait que, dans ces moments, l'esprit humain, avant de commencer une évolution nouvelle et d'en- trer dans une sphère nouvelle d'existence, a besoin de s'arrê- ter, de se résumer en quelque sorte, et de condenser dans de puissantes individualités le travail de plusieurs générations. L'Allemagne est, sans contredit, le principal siège de la philosophie moderne. Ce n'est pas que la philosophie n'ait pas ailleurs d'illustres représentants. Depuis vingt ans, la France se montre la digne émule de l'Allemagne. Sous l'im- pulsion d'une puissante intelligence elle a reconquis la cons- cience philosophique, si je puis ainsi m'exprimer, elle a r e - noué les nobles traditions de ses pères, traditions qu'une science superficielle et apparente avait interrompues, et elle a