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                         LE BOI.
Il faut les faire entrer dans votre galerie :
Molière, mettez-les en scène, je vous prie.
                         MOLIÈRE.
Sire! je n'oserais promettre...
                         LE ROI.
                                    Pourquoi donc ?
                         MOLIÈRE.
Ce travail pour ma vie est un emploi trop long.
Celte vie à présent sera courte, j'espère.
                         LE ROI.
Ah ! quel mot triste et dur !.. un destin plus prospère,
Des jours meilleurs viendront sans doule... Pour ma pari,
Certes, j'y veux aider, Molière.
                        MOLIÈRE.
                                   Il est trop tard !
Cette vie, épuisée en des luttes sans nombre,
Me quitte, je le sens... Oh ! je voudrais à l'ombre
En abriter le reste... et mourir oublié !
Mais par mille devoirs au théâtre lié,
Je me dévoue encore... Hélas ! sans espérance
De le servir beaucoup... J'y porte ma souffrance,
Ma douleur, un mal sourd à mon cœur attaché,
Et d'autant plus cruel qu'il doit rester caché.
Et puis, que d'autres maux encor !.. La calomnie
Me poursuit... Maintenant, Sire, Ton me dénie
Mon titre d'honnête homme, et d'infâmes rumeurs
S'attaquent à ma vie et noircissent mes mœurs...
Non pas ouvertement, non pas que l'on me fasse
Si beau jeu que d'oser me les jeter en face...
Non, le lâche ennemi, le coquin ténébreux
Qui les répand, sait bien que c'est trop dangereux.
Mais par mille chemins, d'une source inconnue
L'affreux poison découle et partout s'insinue.