page suivante »
251 LE BOI. Il faut les faire entrer dans votre galerie : Molière, mettez-les en scène, je vous prie. MOLIÈRE. Sire! je n'oserais promettre... LE ROI. Pourquoi donc ? MOLIÈRE. Ce travail pour ma vie est un emploi trop long. Celte vie à présent sera courte, j'espère. LE ROI. Ah ! quel mot triste et dur !.. un destin plus prospère, Des jours meilleurs viendront sans doule... Pour ma pari, Certes, j'y veux aider, Molière. MOLIÈRE. Il est trop tard ! Cette vie, épuisée en des luttes sans nombre, Me quitte, je le sens... Oh ! je voudrais à l'ombre En abriter le reste... et mourir oublié ! Mais par mille devoirs au théâtre lié, Je me dévoue encore... Hélas ! sans espérance De le servir beaucoup... J'y porte ma souffrance, Ma douleur, un mal sourd à mon cœur attaché, Et d'autant plus cruel qu'il doit rester caché. Et puis, que d'autres maux encor !.. La calomnie Me poursuit... Maintenant, Sire, Ton me dénie Mon titre d'honnête homme, et d'infâmes rumeurs S'attaquent à ma vie et noircissent mes mœurs... Non pas ouvertement, non pas que l'on me fasse Si beau jeu que d'oser me les jeter en face... Non, le lâche ennemi, le coquin ténébreux Qui les répand, sait bien que c'est trop dangereux. Mais par mille chemins, d'une source inconnue L'affreux poison découle et partout s'insinue.