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•252 Moi seul, moi seul je sais de quel main il part, Et je ne puis saisir cette main nulle part. C'est Tartufe ! gardant toujours son caractère, Tartufe ! enveloppé de fraude et de mystère. Si devant lui les gens dénigrent mes écrits, Il calme leur transport, il modère leurs cris, Et semble tout d'abord prendre en main ma défense. 11 me pardonnerait de grand cœur mon offense, Tout le mépris amer que sur lui j'ai versé, Si le ciel là dedans n'était intéressé. Il me plaint, moi, flétri par un hymen infâme, Par un hymen qui fait de ma fille ma femme ; II me plaint, moi, damné pour ma profession, Une école de vice et de corruption. Il veut me voir rentrer au giron de l'Eglise, Edifiant ainsi ceux que je scandalise, Car il estime plus un pécheur converti Qu'un saint qui ne s'est pas une fois démenti. Il répand pour cela sa prière et ses larmes Devant Dieu. Si la gloire avait pour moi des charmes, Je devais attaquer mille petits travers, Berner l'un pour sa prose et l'autre pour ses vers... Mais toucher aux dévots !.. c'est toucher à Dieu-méme ! El la foule aussitôt de crier : anathôme ! Ànathômc à celui qui distilla son fiel Sur ce Monsieur Tartufe, un saint tombé du ciel ! Et j'aurai sans retour empoisonné ma vie, Ameuté contre moi l'ignorance el l'envie, Sans en tirer jamais d'autre fruit que cela... Et sans les corriger, car cette espèce-là , Quelque rude que soit la leçon qu'on lui donne, Jamais ne se corrige et jamais ne pardonne ! Aussi, que d'ennemis à ma perte animés !