page suivante »
246 SCÈNE III. MOLIÈRE, LE ROI. LE ROI, à Molière qui s'occupe de détails d'arrangement. Remettez le service à d'autres pour ce soir, Molière, et près de moi, là , venez vous asseoir. (Molière hésite à s'asseoir). Asseyez-vous. Je sais qu'ici l'on vous rebute, Qu'on vous fait cent affronts ; que vous êtes en butte A des propos cruels, et que, le cœur blessé, Vous vivez à l'écart sans vous plaindre ; je sai Que les gens du château vous font cette avanie Que, se jugeant pour vous trop bonne compagnie, Us ne vous veulent plus souffrir à leurs dînes ; Ils désertent la table enfin quand vous venez. Allez ! je confondrai cette haine insultante. Quoi ! l'estime du roi, si vive et si constante, Pour vous faire honorer n'aura donc pas suffi ? A mon autorité porte-t-on un défi ? Ah ! je veux par un coup de faveur singulière, Dans les respects de tous vous replacer, Molière. Vous n'avez pas dîné, soupez avec le roi, Et demain vous aurez des flatteurs comme moi. MOLIÈRE, s'inclinant. Quoi ! Sire!.. LE EOI. (Aux huissiers). Je le veux, Molière. Qu'on m'apporte Mon souper... Deux couverts !.. Voyez comme à la porte On se presse... Bientôt vous aurez le plaisir, Vous le Contemplateur, d'observer, de saisir Dans leur étonnement ces vanités titrées... Huissiers ! donnez passage aux petites entrées. (Les huissiers de la chambre ouvrent la porte du fond. Un