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18:2 CHAPELLE. Des regrets, des soupirs, Molière ! Ainsi toujours Quelque triste pensée assombrira tes jours ! Toi, que chacun de nous se plaît à reconnaître Pour l'esprit le plus haut que notre âge ait vu naître ; Moraliste profond dont la prose et les vers Au nom de la raison poursuivent nos travers, Moins sage quelquefois que nous, tant que nous sommes, Tu n'es qu'un faible enfant, toi, précepteur des hommes ! A tes propres leçons il faut avoir recours; Mettre au môme niveau ton ame et tes discours. La sagesse n'est point à savoir faire un livre, Fût-il parfait, divin ; elle est à savoir vivre, A savoir être heureux: toute science est là . Or, moi qui suis savant plus que toi sur cela, Je veux le convertir à ma philosophie. Par ma joyeuse humeur elle se justifie ; Elle fait mon bonheur, elle fera le lien. Je veux l'initier aujourd'hui môme : vicn, Viens, Molière, je veux te faire rire et boire : Des soucis, en buvant, lu perdras la mémoire. Si le chagrin revient assiéger ton cerveau... Hé bien ! pour le chasser tu boiras de nouveau. Ainsi, toujours buvant, de bouteille en bouteille, Joignant la veille au jour et le jour à la veille, Sous un aspect riant s'offre le genre humain. Toi, misanthrope, à tous déjà tu tends la main. Tu ne sens plus les maux qui désolaient ta vie : Ami, tu vois ta gloire et ne vois point l'envie. C'est un monde enchanteur. Là , je trouve partout Des gens aimables, bons, pleins d'esprit et de goût. Fatigué des rigueurs d'une femme charmante, Je bois, pour endormir le mal qui me tourmente,