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181 SCÈNE II. CHAPELLE, MOLIÈRE. MOLIÈRE. Quoi ! Chapelle à Chambord ! CHAPELLE. Moi-môme... MOLIÈRE. Et quel hasard?.. CHAPELLE. Embrassons-nous d'abord. J'avais quitté Paris pour courir la province Avec Brissac, un duc qui mène un train de prince, .le regrettais déjà ma douce liberté ; Mais en passant à Blois je me suis arrêté. J'ai voulu visiter un oncle respectable, Chanoine gros et gras qu'on voit toujours à table... Quand il n'est pas au lit, et qui laisse, en son lieu, « A des chantres gagés le soin de prier Dieu. » Or, chez lui, par hasard, en feuilletant un livre, Plularque, un vrai trésor pour enseigner à vivre, J'ai lu : « Qui suit les grands serf devient », sur cela, Sans voir Brissac j'ai pris le coche... et me voilà ! MOLIÈRE. Je renais à ta voix ! c'est l'heureux privilège D'une vive amitié qui naquit au collège, Lien de notre enfance, et qui, vainqueur du temps, Nous lient toujours unis après plus de trente ans. Oh ! c'étaient de beaux jours que ces jours-là , Chapelle! Avec ivresse encor mon cœur se les rappelle ! Doux rêve qui pour moi devait sitôt finir ! Je me sens raviver rien qu'il ce souvenir ; Le trouble de mon ame en y songeant s'apaise : Ah ! l'on vil du passé quand le présent nous pèse !