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                     SCÈNE II.
                 CHAPELLE, MOLIÈRE.
                        MOLIÈRE.

                       Quoi ! Chapelle à Chambord !
                       CHAPELLE.
Moi-môme...
                        MOLIÈRE.

               Et quel hasard?..
                        CHAPELLE.

                                  Embrassons-nous d'abord.
J'avais quitté Paris pour courir la province
Avec Brissac, un duc qui mène un train de prince,
.le regrettais déjà ma douce liberté ;
Mais en passant à Blois je me suis arrêté.
J'ai voulu visiter un oncle respectable,
Chanoine gros et gras qu'on voit toujours à table...
Quand il n'est pas au lit, et qui laisse, en son lieu,
« A des chantres gagés le soin de prier Dieu. »
Or, chez lui, par hasard, en feuilletant un livre,
Plularque, un vrai trésor pour enseigner à vivre,
J'ai lu : « Qui suit les grands serf devient », sur cela,
Sans voir Brissac j'ai pris le coche... et me voilà !
                        MOLIÈRE.

Je renais à ta voix ! c'est l'heureux privilège
D'une vive amitié qui naquit au collège,
Lien de notre enfance, et qui, vainqueur du temps,
Nous lient toujours unis après plus de trente ans.
Oh ! c'étaient de beaux jours que ces jours-là, Chapelle!
Avec ivresse encor mon cœur se les rappelle !
Doux rêve qui pour moi devait sitôt finir !
Je me sens raviver rien qu'il ce souvenir ;
Le trouble de mon ame en y songeant s'apaise :
Ah ! l'on vil du passé quand le présent nous pèse !