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175 Us jettent ensuite un coup-d'œil sur la manière dont les mots se forment et deviennent d'un usage plus général ; sur la conversation comme premier moyen propre à répandre les mots ; sur récriture abécédaire comme le moyen le plus efficace d'atteindre ce but, surtout avee le secours de l'imprimerie. Ils consi- dèrent ensuite les dictionnaires des origines et des racines comme un moyen propre à répandre les mots et à eu faciliter l'étude. Maïs ils blâment avec raison celie manie des élymologies à perte de vue, telle que celle de Court de Gcb<'l\n qui, de ba (désignant toute idée relative aux petits enfants) en fait venir bab (enfant), de là bûclu'i buclielette, bachelier ; de bûche vient bague* etc. « Ne vaut- il pas mieux, disent-ils, s'attaquer d'emblée à bayne sans s'entortiller dans tout cet attirail de transformations ? N'allons pas demander aux mots d'où ils viennent, je vous en prie ; comme les hommes, ils ne pourraient le plus souvent que mentir sur leur origine, et notre mémoire payerait, pour garder cette con- jecturale extraction, dix fois le prix de leur valeur d i r e c t e : demandez-leur uniquement ce qu'ils désignent. Retenez-le bien, et restez-en là . Tout le reste ne sera jamais qu'un à peu près scientifique. Les mots comme les hommes veu- lent être connus pour eux, non pas pour leurs ascendants. » N'cnl-i!s pas cent fois raison, lorsque, dans leur chapitre sur les mots qu'on peut tenir pour français, ils déplorent l'envahissement des mots étrangers. « Déjà , disent-ils, la science ne peut descendre vers le p e u p l e ; le chemin est barré par une crasse de barbarismes qui, pour être moulés sur grec et sur latin, n'en sont pas plus français. » Il est remarquable- que, chez nous, chaque objet nouveau, même un joujou (comme le kaléidoscope) doit être coiffé d'un nom grec. Je crois que l'on pour- rait, toujours s'en passer, excepté dans la langue chimique, où la langue fran- çaise se prêterait, difficilement à une aussi longue série de combinaisons diver- ses. Le marin dénomme, sans le secours du grec, toutes les parties de son vaisseau, et le tisserand toutes les pièces de son métier à la Jacquard. Dans leurs jeux, les enfants savent bien trouver des noms, et très expressifs, pour chaque position du corps } ou pour les instruments dont ils se servent. Nous ne pourrions analyser la préface déjà si concise dans laquelle ils expo- sent le but et le plan de cet excellent travail. Nous sommes forcés de ren- voyer à l'ouvrage lui-même. Ce dictionnaire, « tout en donnant la connaissance des lois selon lesquelles se forment le langage, oblige encore à contracte]- la précieuse habitude dV'mbrasser un objet dans son ensemble, et d'enchaîner les idées avee ordre et logique, ('/est, dit-on, pour procurer un pareil avan- tage à la jeunesse, qu'on la met à l'élude des principes du grec et du latin ; si donc la même utilité résulte au même degré d'une étude mieux raisonnée de la langue maternelle, pourquoi ne pas l'adopter de préférence ? LORTET. I m p o s i t i o n a