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170 ou II s'emparait de la presque totalité dessin-faces, sera toujours repoussé de nos constructions modernes; dans ces espèces de boudoirs religieux pleins d'une coquetterie mondaine que le culte devrait proscrire ; les fenêtres rares et de petites proportions ont donné naissance à ces vitres pâles et blafardes, dont l'aspect rappelle plutôt les peintures transparentes exécutées sur une mousseline ou des papiers huilés que cet éclat solide qu'on admire dans les anciens vitraux. Un artiste de notre ville, M. Auguste Baron, vient d'exécuter un vitrail oii il a su habilement éviter les teintes fades et plates que les pein- tres-verriers de nos jours ont adoptées. C'est celui qui porte à l'Exposition le n" i S 5 , auquel MM. Oentclet et Godard ont mis leurs signatures en qualité de fabricants, et ont enlevé celle que M. Baron y avait mise comme peintre, tout le mérite de celle vitre doit donc lui être attribué, mais quelque soit le talent qu'il ait montré, son Christ à la Cène, n» 4 0 0 , qu'à l'imitation des anciens peintres-verriers, il a exécuté lui seul, dans tous ses détails, depuis le dessin jusqu'à la mise en plomb, laisse bien loin derrière lui tout ce qui a été fait sous nos yeux jusqu'ici. Ce morceau a toutes les précieuses qualités de la peinture sur verre à sa plus belle époque ; les draperies, les carnations, les cheveux sont exécutés dans le sentiment des meilleurs vitraux du X V I e siècle ; les carnations légère- ment rembrunies, les fonds peints et remplis imitent admirablement le ton vrai et profond des anciens maîtres; le relief est obtenu au moyen de larges hachures qui mordent avec avantage sur la lumière, et les liens de plomb con- courent fort habilement à l'effet général, par les oppositions qu'ils produisent. M . Baron a compris que, dans cet art tout exceptionnel, la prétention de faire des tableaux sur verre était tout à fait inadmissible, et que la vérité d'imitation absolue devait être sacrifiée aux conditions bien autrement importantes de la décoration. C'est avec une joie véritable que nous voyons enfin un homme de goût et de talent se livrer à un genre d'études qui ne peut manquer de ramener l'art de la peinture sur verre bien près de l'état de perfection qu'il comporte. BI.-IJ.-B. VISSEUH. I,es divers journaux de notre ville ont annoncé la déplorable mort de M. Marie-Louis-Barthélemy TISSELR, professeur de littérature française à l'Académie de A'eufchâtcl (Suisse). On sait trop quel triste accident le précipita dans le lac, le 2S janvier dernier. Nous devons, à la mémoire de ce noble jeune homme, enlevé en sa 3o c année, un souvenir que nous lui payerons, avec douleur, dans la prochaine livraison de la Revue, car il était au nombre de nos amis et de nos collaborateurs. C'est une perte aussi pour la ville de Lyon qui pouvait attendre, de cet esprit sage et ar- dent, de cette tète de penseur, beaucoup de fortes choses que la tombe nous a enviées.