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125 — Eh ! Monseigneur, lui répondit la Mère, laissons chan- ter Pierre, et profitons du temps. » Alors, François de Sales se leva pour mieux entendre chanter ce laquais, et peut-être pour modérer le saint em- pressement que la digne Mère pouvait mettre à parler de sa conscience. Mme de Blonay avait donné aux domestiques de François de Sales quelques-unes de ces parures connues sous le nom de fraises. Quand l'évêque de Genève les en vil parés : « Oh ! que vous êtes braves, leur dit-il ! qui vous a fait ce beau pré- sent! » Et lui-même les arrangeant de ses mains: «Vraiment, ajoutait-il, je m'en vais remercier la Mère ! » Le duc de Nemours alla visiter la logette de François de Sa- les. Au milieu même de la conversation, une petite fille, celle du portier, vint baiser la Croix pastorale du saint évoque. N'y aurait-il pas là un gracieux sujet pour un peintre ? La veille de Noël, Marie de Médicis voulut que François de Sales allât bénir et planter la Croix pour l'Eglise des Ré- collels. Le saint évoque s'y rendit, et prononça une exhor- tation sur la naissance du Sauveur. Pendant que François de Sales demeura dans celte maison de Lyon qui lui était si chère, il eut de fréquents entretiens avec Camille de Neufville, alors abbé d'Ainay, et plus tard archevêque de Lyon. Or, François de Sales, rendant un jour visite au noble Abbé, lui dit qu'il serait dans l'Eglise plus que lui, évêque de Genève. Si François de Sales avait en quelque sorte prédit l'élévation de Camille de Neufville, ce- lui-ci appréciait dignement le saint évêque(l). II disait que ce qui donnait partout à saint François l'empire des cœurs et des esprits, c'est qu'il était un véritable honnête homme à l'endroit de ceux qu'il vouiait changer. Et, en effet, l'on en (r) Germain Guichenon : Vie de Camille de Neufville , png. Si.