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                     ïl lui coula sun injure et lui donna
                     Sa bénédiction, puis l'épéc
                     A \ e c laquelle Rodrigue donna la mort au comte
                     Kl. commença ses exploits.
   Pourquoi M . Autony Rénal n'aurait-il pas adopté cette manière de tra-
duire, qui rend mieux la forme et le rapide jet de la pensée ? Quoique sa
version soit assez littérale, elle le serait devenue encore plus, et l'originalité
de l'œuvre espagnole y aurait gagné.
   La phrase poétique du Romancero présente certainement des difficultés à un
traducteur, et il n'y a rien de surprenant que M. Antony Rénal se soit mépris
quelques fois, même dans cette première ode, lorsque, par exemple, il met
le dessous de la main droite, là où l'espagnol met simplement p aimas, les mains.
A la page 220, du tome premier, ces vers :
                     Buenaventura hayais, Conde,
                     Que a si me heis aconsejado,
expriment un souhait de bonheur, avec un reinereiment, tandisque le traduc-
teur é c r i t : Vous faites une bonne action, comte, etc. D'autres fois il affaiblît la
beauté du texte par des ornements superflus. Ainsi, à la page 307 du même
volume, il est dit :
                       Yoilà quel serment fit le Cid,
                       Et aussitôt embrassant
                       Dogna Ximena et ses deux filles,
                       Il les laisse muettes dans leurs pleurs.
M. Antony Rénal traduit de la sorte: « Tel fut le vœu que prononça le Cid,
et aussitôt, ayant embrassé Ximène et ses deux filles silencieuses dans leur
douleur, il les quitta tristement encore baitjne de leurs larmes. »
   M . Anlony Rénal aurait pu retrancher du second volume ses quelques pages
d'étymologies, plus que contestables pour la plupart. Nos mots de peur, hâbleur,
domination, et autres semblables, dérivent du latin, source commune, mais non
pas de l'espagnol. La préface de ces deux volumes renferme d'utiles recherches.
On peut regretter qu'elle présente certaines longueurs et des précautions ora-
toires un peu déplacées, des mots de louange distribués avec trop de libéralité.
   Cette large part ainsi faite à la critique,—et M. Antony Rénal qui a déjà pu-
blié beaucoup, mérite qu'on ne le loue qu'avec discernement, — nous devons
donner à cette nouvelle publication des éloges dont elle est bien digne.
C'est rendre un véritable service que de mettre ainsi à la portée de tous une
fonle de poèmes presque ignorés, et qui maintenant, grâce à une version géné-
ralement sure et bonne, pourront être lus et étudiés par tout le monde. La
typographie a dignement secondé le zèle littéraire de M- Antony Rénal, et
ces deux volumes sont, de tout point, une excellente publication qui ne peut
que faire grand honneur à l'imprimeur et au traducteur, nos compatriotes.
                                                                      F.-Z.     COLI.OMCET.


 Ã,A CAMPAGNE DE R O M E , PAR M . CHARLES U i l i i E R ; I   V O L . I N - 8 ° . T A R I S , I.AUITTE.

   Dans cette foule de relations ou d'impressions de voyage que les touristes
rapportent d'Italie, il en est bien peu qui ne soient pas indignes du noble
pays dont elles prétendent reproduire le tableau. Aussi , lorsqu'au milieu de
cette multitude de livres justement dédaignés se rencontre un ouvrage sérieux
par le fond, littéraire par la forme, animé d'un bout à l'autre du sentiment
réel de la vie, c'est un devoir pour la critique de le distinguer avec soin de
toutes ces publications sans valeur. A ce titre, nous devons signaler le nou-