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G9 Rien n'est plus rare qu'un style, môme parmi les artistes supérieurs; bien peu ont celte qualité qui les fait reconnaître par la foule et leur assure une place dans la voie si étroite de l'avenir. Dubuisson possède ce don à un degré élevé ; la vue d'un de ses tableaux met sur la trace des autres ; il en a six au Salon: deux petits paysages, sous les numéros 118-119, se font remarquer par leur jolie couleur et le choix heu- reux des sites. Depuis Géricault, aucun artiste n'a transporté sur la toile avec plus de bonheur, non le cheval de salin aux jambes de papillon, mais le cheval réel ; en voilà qui sont à l'abreuvoir, lestes, fringants, élégants de formes et de poses, vrais depuis la crinière jusqu'à la corne ; la vie se sent dans le moindre muscle; tous se meuvent, respirent. Nous n'ana- lyserons pas sa Charge de cuirassiers, d'autres l'ont fait avant nous ; nous nous contenterons de dire que c'est une compo- sition pleine de verve, où toul esl enlevé avec une vigueur prodigieuse ; la touche est large et hère, les figures sont d'une excellente facture ; il y a, dans (oui cet ouvrage, vérité d'ex- pression, fermeté de dessin, énergie, cl pourtant simplicité d'effet, tout ce qui constitue enfin un excelient tableau. Les mêmes éloges peuvent être adressés à son tableau des Ma- reyeurs, où les chevaux, d'une couleur solide, sont dessinés avec la vérité consciencieuse qui caractérise le talent de cet t artiste. M. Laurc s'est révélé tout entier dans le charmant coloris de la tète exposée sous le numéro 232. La touche est moelleuse et. a juste ce degré de fermeté qui convient à la reproduction des (rails d'une femme. Les mains seules, dont la nature n'ap- partient pas à la tè'.e, sont d'une couleur fausse el transpa- rente; c'est dommage, ii y a tant de genres de mérite dans cet ouvrage que nous voudrions les y trouver tous. La Romaïka de M. Bonirole est un morceau chantant. Dans-la plupart des télés on retrouve les beaux types que