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598 LA R E V U E LYONNAISE
L'apèito ; trespassant e laissant sus sa glèiro et rubanier, — l'attend ; fran-
chissantet laissant sur sagrêve
Roucassièiro rula la fourmidablo Lèiro, — rocailleuse rouler la Loire
Gagno toujour païs lou desbord balarèl. , formidable, — le débordement
dansant gagne toujours du
Auvergnas, Limousis Marchés, pas un garèl! pays. — Auvergnats, Limou-
sins, Marchois, pas un qui soit
Vers la Guiano tout s'alèiro. boiteux ! — Vers la Guienne
tout dévale.
Lou Miejour fai sa voto e n'espanto lou Nord. Le Midi fait sa fête votive et
il en émerveille le Nord. — Il
Lou saludo en passant, mes se tèn dins soun ort : le salue en passant, mais il se
tient dans son propre jardin :
« Bon-jour, Anjou ! bon-jour,Berri, Toureno, Maine ! » Bonjour, Anjou! bonjour, Ber-
ry, Touraine, Maine! — C'est
Es be Forle que vai à noste fres doumaine, bien là la bordure qui convient
L'orle farandoulant que i' an, drolo e jouvent, à notre frais domaine, — cette
bordurefarandolante déjeunes
Un amour de clarjas e fort coumo lou vent, filles et de gars — qui ont un
amour de brasier et fort com-
Tant fort que i* a res que l'amaine ! me le vent, — si fort qu'il n'est
rien qui l'abatte !
— 0 terro dau sourel, terro de la cansou, Terre du soleil, terre de la
chanson, — de l'art beau, de la
Dau bel art, de la vido à brand, comto quant sou vie à toute volée,compte com-
bien ils sont, — tes fidèles, tes
Tous fidèls, tous ardents, tous félibres aimaires! ardents, tes félibres qui t'ai-
ment! — Tu en as et tu en as
N'as e n'as d'apoustouls, n'as d'inspirats rimaires des apôtres, tu en as d'inspirés
Que, dins la lengo divo, en-t'aubourant tant naut, rimeurs — qui, dans la langue
divine, en t'élevant si haut, —
De l'aveni neblous te fasou lou fanau, de l'avenir nébuleux te font le
phare, — eux les hardis éclai-
Eles lous ardits alumaires! reurs!
A près lous Troubadours—bèus cinq cents ans detem,— Après les Troubadours (cinq
cents ans comptés), — à la veille
A la vèio d'inlra dins lou siècle vinten ; d'entrer dans le vingtième siè-
cle ; — alors que Ton voit la
Alabés que se vei Talucrido matèri matière âpre au lucre — sur le
sentiment mort faire l'orgie des
Sus lou sentimen mort faire lou reboustèri ; funérailles; — quand le pro-
Quand lou prougrès vanta resôu que lou real, grès vanténe résoutqueleréel,
— sauver la poésie et sauver
Sauva la pouësio e sauva l'idéal, l'idéal,— et la croyance et son
mystère;
E la cresenço e soun mistèri ;
Quand, les gouvernements se
forment l'épée à la main, avec
Quand lou ferre à la man se formou lous gouvèrs, la lyre d'or, au seul pouvoir
des vers — faire naître dans
Embé la liro d'or, au soûl poudé das vers le vieux monde un nouveau
Espeli dins lou vièl mounde un nouvel reiaume, royaume, —• doux comme un
roi René, fort comme un roi
Dous coumo un rèi Reiniè, fort coumo uu rèi En Jaume, Jacme, — ravissant au point
que, si ce n'était qu'on le tou-
Poulit que, s'èro pas qu'on lou toco e ie viéu, che et qu'on y vit, — l'œil émer-
veillé croirait suivre le fil —
L'iuèl enmimarela creiriè segui lou fiéu d'un rêve chanté dans un psau-
me,
D'un pantai canta dins un siaume,
— Tout cela est beau, n'est-ce
pas ? et tout cela si beau — est
Tout acô 's bèu, pas vrai ? e tout acô poulit le travail accompli par notre
felibrige. — Maintenons-le donc
De noste felibrige es lou traval coumpli. toujours notre apanage! — De
gloire, comme à grands coups
Adounc mantenguen-lou toujour noste apanage! de gaule dans les branches,
De glôrio abrasquen-ie toujour riche acanage ! faisons-lui toujours un riche
abatage! — Pour nos petits-
Per lous felens garden aquel superbe enclaus ; fils gardons ce superbe enclos;
— gardons-le franc et libre,
Garden lou franc e libre, embé sas quatre claus, avec ses quatre clés, — les
quatre clés de son étendue
Las quatre claus de soun reinage : royale :