Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
533                   LA REVUE LYONNAISE
servoir dont le niveau, plus élevé que tout niveau, sert à mesurer;
dont l'eau, plus abondante que toutes les eaux, sert à abreuver. »
Il restera, tel que nous le montre l'histoire, le baume et le levain
de l'humanité. «Chrétiens, disait un jour Lacordaire, sachez toute
l'importance de votre position dans le siècle épouvanté dont vous
faites partie. On nous parle d'ordre: c'estvous qui êtes l'ordre. On nous
parle de paix : c'est vous qui êtes la paix. On nous parle d'avenir :
c'est vous qui êtes l'avenir. On nous parle de salut : c'est vous qui
êtes le salut. Car l'ordre, la paix, l'avenir, le salut, chez les nations
modernes, ne peuvent sortir que d'une doctrine qui contienne toute
la vérité, toute la vertu, toute la plénitude dont l'homme a besoin,
et le Christianisme seul répond à ces conditions. »
   Ce que le plus cher de ses amis disait dans ce viril langage aux
sceptiques de 1850, Augustin Cochinle répète, avec un accentplus
doux, plus attendri, peut-être plus féminin, aux découragés de
1883. Il écrivait pourtant il y a quinze ans, et pouvait à peine en-
trevoir les périls et les ruines qui sont aujourd'hui devenus une
certitude. Hélas! quoi qu'il se soit souvent trompé ailleurs, il était
en ceci prophète : telle page de son Temps présent, qui eût en 1868
paru trop poussée au noir, n'est qu'une exacte photographie du
temps actuel. Eh bien ! malgré ses douloureux aveux et ses sombres
pressentiments, qu'il ait vu ou qu'il ait deviné, il n'a jamais déses-
péré, et la sérénité de sa foi a toujours dissipé les graves inquiétudes
de son cœur patriote et chrétien.
   On ne saurait trop recommander ses Espérances aux chance -
lants, aux tièdes, aux alarmés, comme aux déshérités de la vie
eux-mêmes; elles auront pour tous, non seulement de mysté-
rieuses douceurs en leur entr'ouvrant l'idéal, non seulement des
trésors de poésie, de fraîches et de tendres émotions, mais encore
une source intarissable de consolations fortifiantes qui retrem-
pera les plus amollis et les plus abattus. Ce sera l'honneur du-
rable de ce grand ami des pauvres et des malades, familier de
leur chevet pendant sa courte vie, d'avoir ainsi médiciné les
 âmes après sa mort, et de leur avoir rendu les longs espoirs, d'où
sortent parfois les promptes résurrections. Nul ne perdra rien
d'ailleurs à le lire, car on ne peut 'admirer sans s'élever; en tout
cas, je l'espère, on m'excusera facilement d'avoir jeté un regard