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FELIBRIGE 495
— Voste noum, bèu troubadour?
— Jôrdi de Rocamadour.
Ai lou cor bèn malaut ; dounas-me la retirado.
— Vous mande moun page blound,
Seguissès-lou d'à -plugoun ;
Moun mari, lou gusas, em'uno autrobat l'astrado.
Dins lou castèu es intra,
Gènto damo a rescountra :
« Servitour, servitour ». D'à -geinoun l'a saludado.
— Perque sias ansin crentous ?
Bèu troubaireaubouras-vous,
l'a di damoTibor. Alor eu l'a regardado.
Pièi à taulo se soun mes.
Alor Jôrdi tout remes,
La prenènt pèr la man, subre li det l'a beisado.
Pièi lou lume an amoussa—
E tout ço que s'es passa
I'amerito au mari, qu'em'uno autro bat l'astrado.
Quand vèu l'aubo dôu matin,
Sono lou corn argentin
Dôu baroun Sarrenoun, peralin dins la valèio.
— Votre nom beau Troubadour? — Jôrdi de Rocamadour. — J'ai Je cœur bien
malade. Donnez-moi la retirée.
— Je vous envoie mon page blond, — suivez-le les yeux fermés;— mon Mari, le
gueux, avec une aulre bat l'estrade
Dans le château il est entré, — Gentille dame il a rencontré : — « Serviteur, ser-
viteur. » A genoux il la salue.
— Pourquoi être ainsi craintif? — Beau Tioubadour, relevez-vous, — Lui dit dame
Tibor. Alors il l'a regardée.
Puis, à table ils se sont mis. — Alors Jordi rassuré, — La prenant par la main,
sur les doigts, l'a baisée.
Puis la lampe ils ont éteinte... — Et tout ce qui s'est passé — Est bien mérité par
le mari qui, avec une autre, bat l'estrade.
Quand vient l'aurore du matin, — Résone le cor argentin — Du baron Sarrenon,
loin, bien loin dans la vallée,