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BELLEFONTAINE L'historiette que je vais narrer paraîtra peut-être à plus d'un empruntée à quelque facétieux conteur du seizième siècle. On se tromperait cependant si l'on en reportait la date au temps où frère François Rabelais usurpait d'une si singulière façon la place du saint fondateur de son ordre dans la niche de l'église des Cordeliers : elle est arrivée récemment, et en cherchant sur la carte, vous trouveriez sans trop de peine le lieu où le fait s'est passé : quand le temps est clair, le touriste peut apercevoir, de la terrasse du couvent qui fut témoin de l'aventure, la masse monu- mentale de la nouvelle église de Fourvières. Mais j'en ai déjà trop dit : venons à mon histoire. Je la transcris ici telle qu'elle me fut contée, un soir de l'été dernier que nous soupions gaiement, deux amis de vieille date et moi, sous une tonnelle du Château - Rouge, tandis que les phalènes voletaient autour de la lampe et que les petits grillons modulaient en chœur leur traînante mé- lopée. Donc c'était grande liesse et en même temps grave souci au moûtier de Bellefontaine : je l'appelle ainsi parce que rien ne me déplaît tant dans un récit que les X ou les Y mis en place des noms de localités ou de personnages. Grâce à la munificence d'un vieil homme de loi qui, avant de rendre au Créateur son à me procédurière, avait cru bon de faire à ses derniers moments un peu de bien, ce qui ne lui était jamais venu à l'idée au cours de