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326                  LA REVUE LYONNAISE
et le bon coloris ne consiste pas dans une agréable marquetterie
de tons, mais dans la vérité et la raison d'être de chaque nuance.
Ce qu'il y a de louable chez lui, c'est le sentiment de l'espace et de
la profondeur des horizons, mais n'allons pas lui demander un
arbre raisonnable, un ciel étudié. Ses qualités, nous les rencon-
trons dans la Moisson. La Vue d'Allevard en reproduit quel-
ques-unes, mais l'ensemble est un peu lourd. Son meilleur tableau
fut, je crois, la Plage d'Ostende. On l'admirait à une exposition
du Louvre, vers 1840. Je ne sais où elle est actuellement. Le sujet
lui convenait à merveille. Un ensemble assez vague à reproduire,
un ciel monotone et les ondulations douteuses de la côte.
   M. Richard fut l'un des pères de cette école lyonnaise qui occupa
une place assez brillante dans la première moitié de ce siècle ; elle
eut sa raison d'être et tint en échec le genre faux de l'école de
David ; elle contribua à nous délivrer des Grecs et des Romains
et prépara les voies aux artistes en quête du vrai. MM. Richard,
Revoil, Bonnefond, même Jacquand, eurent la bonne pensée de
puiser leurs inspirations ailleurs que dans les fictions mytholo-
giques interprétées à tort et à travers. Sans doute, eux aussi se
sont trompés quelquefois, car l'histoire du moyen âge et de la
renaissance était encore confuse, et on brouillait volontiers toutes
les périodes écoulées depuis les Mérovingiens jusqu'à Louis XIV,
tout ce long espace de temps était l'époque gothique, mais il fallait
bien attacher le grelot, et, en 1820, on était loin de posséder les
notions archéologiques de 1880. La clarté commença à se faire avec
le Génie du Christianisme, avec Tristan le Voyageur, et surtout
avec les recherches de MM. Thierry et Fauriel. Et dire pourtant
qu'après le style troubadour du premier empire et le romantisme
cocasse de 1830, on commet encore des erreurs quand on veut
reproduire les temps antérieurs à l'année courante. Il faut donc
pardonner aux artistes quelques bévues en fait de costumes et
d'architecture, et les remercier de nous avoir guidé dans des voies
nouvelles; et à tout prendre, les sujets qu'affectionnait cette école
étaient préférables au naturalisme brutal et dénué de poésie dans
lequel est tombé l'art contemporain.
  M. Richard est représenté par trois tableaux, dont le meilleur,
parce qu'il est le plus simple, est la scène tirée du poème de Vert-