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BIBLIOGRAPHIE 319 Quant à la langue de M. Achille Mir, il est inutile de la qualifier. La haute popularité dont il jouit dans le Lauraguais nous interdit le plus timide éloge. Nous sommes trop partisans do la vulgarisation des œuvres littéraires dans le peuple, nous dirons plus, de la régénérescence des idiomes parlés par le retourà la tradi- tion, pour ne pas applaudir des deux mains à la tentative, en somme très heureuse, du prosateur languedocien l . On semble y venir, à la prose ; voici plusieurs mois qu'un mouvement réel se fait pressentir. Dans le Var, par exemple, où un grand provençal, un Théocrite po- pulaire, un incomparable scénistç des mœurs méridionales, M. Senès (LaSinso) excite une complète admiration par des œuvres comiques en prose qui le placent, à notre avis, à côté des maîtres de la renaissance, dans le Var, sous l'active influence du syndic actuel, M. Alphonse Michel, auteur lui-même d'une remar- quable histoire provençale de la ville d'Eyguières, cette nécessité imminente a été mieux qu'ailleurs comprise. Nous reviendrons, quelque jour, sur ce point essentiel. Le félibrige a de grands prosateurs qu'on n'appréciera bien que lors- qu'ils consentiront à rassembler leurs œuvres, en Mistral, Aubanel, Mathieu etFélix Gras, pour ne citer que des noms bien connus ; Mistral, surtout, dont la prose est incomparable, et Mathieu, qui sait transformer, mieux que pas un, une simple légende populaire en un conte des Mille et une nuits, sans lui ôter son franc caractère de moralité villageoise. Nous terminerons aujourd'hui en souhaitantà l'entreprisedeM. Mir de rester un exemple suivi. La préface de Rou- manille, fine et charmante comme il sait les faire (il y a son Lutrin aussi) ajoute un attrait au volume. Ce serait enfin manquer à notre devoir de critique impar- tial que de ne pas mentionner le concours de M. Sallières dont les illustrations, crayonnées, par endroits, avec la verve enragée de Gallot, interprètent ce livre le plus spirituellement du monde. PAUL MARIÉTON2. ne vaut pas la peine déjuger ça de si haut. L'auteur n'a pas eu la prétention d'écrire uue œuvre de haut vol et de grande portée, mais seulement une Cascareleto qui n'a pas des ailes, mais qui est bien plantée sur ses pieds. Musa pedestris. » Au fait, à bien peser cette simple et charmante aventure d'un chantre au lutrin de Ladèr, qui fait chanter à ses « cullègues » une messe de«son crû, conviendrons-nous peut-être que Roumanille a encore raison. ' « Il y a du Rabelais dans sa langue nerveuse et féconde, qui semble remonter de plusieurs siècles pour retrouver dans son passé des formules eu rapport avec l'in- tensité de son émotion. — Dans sa Messo de Ladèrn, l'auteur décrit le timbre de voix, la méthode de chant de ses personnages comiques avec une richesse de termes qui laisse loin derrière elle la langue italienne si riche cependant dans son vocabu- laire de critique musicale. » H. Delpech. (Rapport du 1er concours de la Société romane, 1875.) 2 Cette étude, comme les précédentes, fera partie d'un volume en préparation : L E S P E L I B R E S , histoire biographique et groupante de la renaissance littéraire du Midi. Nous donnerons très prochainement : l'École et le Félibrige (le frère Savinian) ; la Décentralisation littéraire (M. de Berluc-Perussis) ; le félibre An- selme Mathieu. Nos chapitres sur Aubanel et Mistral prosateur (histoire de ï'Armana) sont actuellement sous presse.