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272 LA. R E V U E LYONNAISE allemand, un impératif catégorique. Telle est la loi morale. Alors notre liberté morale s'enchaîne à notre devoir. La liberté n'est pas plus possible sans le devoir que le devoir sans la liberté ; et le devoir accompli ou violé engendre la respon- sabilité. L'écrivain, comme tout homme ici-bas. pourquoi ne serait-il pas soumis à cette loi ? En morale, les faits sont subor- donnés aux principes parce que les principes sont absolus comme les vérités ou les axiomes mathématiques. En un mot, responsabilité veut dire: acte de conscience; car le propre de la liberté humaine, c'est de se décider pour le bien ou pour le mal, et c'est la conscience qui dicte cette distinction. La conscience, on l'a dit avant moi, est en quelque sorte l'œil intérieur par lequel nous voyons les propriétés de l'être immatériel, comme, pour l'œil extérieur, nous voyons les propriétés de ce qu'en langage philosophique on nomme le non-moi. Le premier organe de l'être pensant pour nous, celui sans lequel tous les autres sont nuls, la première faculté, c'est donc la conscience que Lacordaire nomme avec le génie la plus belle dotation de l'humanité. La conscience est donc le point de départ de toute science humaine, ainsi que les phénomènes qu'elle révèle. Tout autre point de départ ne peut être qu'une erreur. Ce point de départ révélé par Descartes est la pierre fondamentale sur laquelle doit s'élever l'édifice des sciences. Sa formule immortelle : « cogito, ergo sum? je pense, donc je suis, » ouvre tous les horizons de l'à me. A plusieurs siècles de distance, le même principe a inspiré un philosophe aussi inventeur de la maxime : « yvwOi asauxov : connais-toi toi-même. » En vertu de ces principes, puisqu'il y a des vi times du livre, que l'écrivain de bonne foi, avant d'abandonner son œuvre aux hasards de la publicité, fasse un retour sincère sur lui-même et apprenne à se connaître, qu'il médite sur ses pensées, qu'il s'avoue le but, cherche par lui et en raisonne la portés, qu'enfin il inter- roge sa conscience. Alors l'écrivain ne déclinera pas la responsa- bilité des conséquences de la lecture de son livre; quant au lecteur, qu'il se souvienne que, s'il faut estimer les livres, il faut savoir les choisir. Pour tout écrivain, comme pour tout lecteur sincère, le critique