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                              MOLIÈRE ET LE DUEL                                        19
  oblige; étant aussi toujours prêts, de leur part, d'éclaircir de boune
  foi ceux qui croiraient avoir liou.de ressentiment contre eux et de
  n'eu donner sujet a personne. »
     Quant à Yédit des duels, de 1079, il s'occupait à la fois de p r é -
  venir et de réprimer le duel. Le tribunal des maréchaux \ qui
  siégeaient tantôt comme conciliateurs et tantôt comme juges, fut
  institué principalement à l'effet d'arrêter les querelles dès leur
 naissance : ils connaissaient sans appel de toutes les affaires où
 l'honneur pouvait se trouver ou paraître engagé. Cette juridiction
 rendit de fort grands services. Pour la répression des infractions à
 l'édit, quoique fort dure, elle avait le mérite d'être intelligemment
 graduée : sans eutrer ici dans les détails, nous dirons qu'il pro-
 nonçait la peine de mort et la confiscation des biens, au cas de
 duel, quand même il n'y aurait point eu d'effusion de sang; si l'un
 des combattants succombait, peine de mort pour le survivant.
 Quant à la victime, on faisait le procès à sa mémoire, son corps
 était privé de sépulture et ses biens confisqués. Le roi promettait
 eu outre, dans le texte même de l'ordonnance, qu'il n'accorderait
 aucune grâce.
   L'autorité qui s'attachait à tous les actes de Louis XIV fit qu'on
s'inclina devant ses décisions souveraines : le nombre des duels
diminua rapidement, non seulement en France, mais dans toute
l'Europe 8 . Ajoutons que le progrès des connaissances intellec-
tuelles, et surtout la foi religieuse éclairée, qui est un des carac-
tères distinctifs de cette époque, ne.contribuèrent pas peu à amener
ces heureux résultats.

   i Sicilien; y fait allusion par deux fois dans le Misanthrope,     h propos de la que-
relle d'AleesIe et d'Oronle, l'homme au sonnet.
                             UN   GARDE DK   LA MARÉCIIAUSSKK
                   Messieurs tes maréchaux, dont j'ai commandement,
                   Vous mandent do venir tes trouver promptement.
                                                         (Aete II, scène vu.)
                                         l'IUUNT!;
                     Non, l'on n'a point vu d âme à manier si dure,
                     Ni d'ac ;ommodem< ut pins pénible à conclure, etc.
                                              (Acte IV, scène i.}
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     « Son heureuse sévérité corrigea pou à peu à peu n o t r e nation et même les na-
1 ions voisines, qui se conformèrent à nos sages coutumes après avoir pris nos m a u -
vaises. Il y a dans l'Europe ceni fois moins de duels aujourd'hui que du temps de
Louis X I I I . »                     (Voltaire, Siècle de Louis XIV, eh. x x i x . )