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448                      DU SURNATUREL.

    Certes, nous le répétons : ce n'est pas l'erreur payenne à
 l'endroit des oracles, des prodiges et de la divination que nous
 appelons en preuve du surnaturel chrétien, mais la vérité que
 le paganisme possédait sur ce point, en dépit des faussetés qu'il
.admettait. On ne* saurait le nier, le système religieux du paga-
 nisme, si corrompu qu'il pût être, avait retenu plusieurs véri-
 tés fondamentales de la révélation primitive. Par exemple, il
 croyait à un Dieu rémunérateur et vengeur, aux récompenses
 et aux peines de l'autre vie, etc. Le surnaturel était du nombre
 de ces vérités échappées à la dégradation morale de l'homme.
Et bien, cela posé, nous raisonnons ainsi : De même que nous
pouvons à bon titre nous prévaloir de la croyance des païens à
un Dieu rémunérateur de la vertu et vengeur du crime, aux
récompenses et aux peines de l'autre vie pour justifier notre
propre croyance à ces vérités devenues chrétiennes ; de même,
nous pouvons, à égal titre, nous prévaloir de la croyance
païenne au surnaturel, pour justifier la nôtre sur cet article.
La vérité, malgré l'erreur qui s'efforce de la défigurer, garde
toujours la force de son autorité.
    Il y a plus : La présence d'une erreur suppose nécessairement
l'existence d'une vérité opposée; par cette raison que le faux
n'a pu s'établir sur un point qu'en y prenant la place du vrai.
En conséquence de ce principe, ce serait mal raisonner que de
dire : Il y a des faux dieux, donc il n'y a pas de vrai Dieu. Pour
être logique, il faut dire au contraire : 11 y a des faux dieux,
donc il y a un vrai Dieu. De même, pour raisonner juste, dans
la question qui nous occupe, il faut dire : De ce que le paga-
nisme admettait un faux surnaturel, nous devons conclure qu'il
existait un vrai surnaturel dont celui des oracles, des prodiges
et de la divination n'était que la contrefaçon. Et là dessus, nous
avons l'avantage de nous rencontrer avec un des plus grands
penseurs modernes, ce qui n'est pas un médiocre appui pour no-
tre thèse .- « Ayant considéré, dit Pascal, d'où vient qu'il y a
tant de faux miracles, il m'a para que la véritable cause est qu'il
y en a de vrais; car, il ne serait pas possible qu'il y eût tant de
faux miracles s'il n'y en avait de vrais. Car, s'il n'y avait jamais