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426 GÉNÉALOGIE SES COMTES DE VINTEMILLE. time de trente mille escus de rente. Mais ledit sieur admirai de Savoye prétend que par le testament de son gTand père tous les biens sont substituez aux masles, et que par conséquent la succession luy apartient. Et ainsi a esté jugé, tant au parlement de Provence qu'en celuy de Thurin, au profit dudit sieur admirai, lequel en est jouys- sant, et dit que la substitution est caducque en sa per- sonne et de dame Henrye de Savoye sa fille, vefve de mon- sieur de Mompezat et à présent femme de monsieur Char- les de Lorraine, duc du Mayne, gouverneur du païs et duché de Bourgogne. VIII. Au reste i'eusse volontiers passé soubs silence le discours de ma petite fortune, laquelle, pour avoir esté travaillée, laborieuse et incertaine, et fort dissemblable à celle de mes ancestres, ne merittepas d'estre cognùe de vous. Toutesfois, puisque tant desirez et me pressez de la vous faire veoir, i'en toucheray quelques points, qui se peuvent dire sans pudeur : le demeurant sera commis aux vents et ténèbres d'oubliance. Il se trouve peu de gens qui ayent eii la naissance pareille à la mienne, et fault bien qu'à ma geniture les astres ayent monstre leur vertu. Le père Ligurien, la mère de Cohstantinople, la naissance en Lango, l'enfance à Rhodes, la puérilité vagabonde sur mer, l'adolescence instable sur la terre et la virilité reduicte en France, où elle a esté long temps incertaine de sa vie et mal asseurée de trouver repos. Vous sçavez comme je perdis mon père à la guerre de Rhodes, estant encores enfant, et comme par mesme desastre, je fus privé par les Turcs de mon païs, mes biens, parents et maisons, et quasi des le berceau contrainct de courir la mer jusques en l'aage de dix ans, sans trouver lieu où ie me pensse arrester. Voylà comme Dieu nous donne la vie et nous sauve des danger^ comme il luy plaist, et