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32 LA FAMINE DE 1573, A VILLEFRANCHE. les doléances cessent tout à coup et les registres de l'adminis- tration communale ne mentionnent plus' que des mesures mili- taires. Les péripéties de la guerre civile, les soucis de la défense, remplissent derechef tous les'esprits. Cette famine paraît avoir eu sa plus grande intensité dans le Lyonnais et dans le Beaujolais, théâtre à cette époque des plus violents excès de la guerre, et particulièrement dans la vallée de la Saône. Les provinces' voisines, le Dauphiné, le Forez, la Bourgogne, • en souffrirent. Le Languedoc, la Lorraine, le Bassigny, où les villes affamées de notre région envoyèrent acheter des grains, furent évidemment peu maltraitées et forment les limites du fléau. A la suite de la famine apparut une épidémie qui augmenta beaucoup la mortalité. D'après Guillaume Paradin, doyen du Chapitre deBeaujeu, témoin oculaire : « Survint une pestilence générale, la plus cruelle et la plus meurtrière dont il soit mé- moire, et d'après laquelle l'on dict qu'il fut mis plus de corps de citoyens en terre qu'il n'en demeura sur terre. » Suivant Louvet, qui écrit un siècle après les événements, mais d'après des renseignements sûrs et souvent avec les pièces à l'appui : « L'an 1573, il y eut au bourg de Beaujeu une grande mortalité et presque tous les habitants moururent de faim et de peste. » Les archives de la ville ne nous apprennent rien sur cette épidémie et sur la mortalité qui en fut la suite ; cependant il est permis de penser qus Villefranche, situé au milieu de la contrée la plus éprouvée, n'a pas échappé au sort commun. Quelle était eette maladie pestilentielle venue avec la famine et disparaissant avec elle ? On ne peut faire, à ce sujet, que des conjectures. Les noms de peste et de contagion ont été souvent employés par les ( historiens dans un sens général et comme synonymes à 'épidémie. Si nos archives sont muettes sur ce point, c'est qu'on n'avait pas affaire à la vraie peste d'Orient, la peste bubonique, car Ã