Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                             DE LA VÉRITÉ.                       383
 la seconde, l'humilité ; la troisième, l'humilité (1). » Puis ce
 grand esprit ajoute : « Je suis devenu un fidèle parce ce que
 je crois ce que j'ignore ; et je sais précisément, par ce que je sais
 que j'ignore, ce que j'ignore. »
    Un miroir ne réfléchit pas l'objet qu'on lui oppose si son cris-
 tal ne se combine avec l'étain, l'argent, l'or ou tout autre mé-
 tal fait pour retenir l'image de cet objet ; il en est de même de
 l'image du vrai. Elle ne se fixe que dans des esprits doublés
 d'une solide sagesse et d'une vertu consistante (2).
    Il y a deux instruments solidaires de la vérité, une raison
 saine et un cœur droit ; car le trouble du cœur, d'où sortent les
passions, et leurs orages, atteint l'esprit pour le troubler à son
tour; les peuples ne sont plus sages dans leur décadence, et
même ils ne sont plus clairvoyants, parce que, bien que leur vue
soit plus perçante, ils ne regardent pas du bon côté ; de tels
peuples ont perdu leur orientation : cela est très-grave.
    La vérité consiste dans la connaissauce de ce qui est, privi-
lège plus spécialement réservé à Dieu. Elle consiste aussi dans
a connaissance de ce qui n'est pas, faculté moins particulière-
ment refusée à l'homme. A force de chercher ce que Dieu se
réserve, les sociétés en décadence perdent ce que Dieu leur ré-
servait.
    « L'acte n'est pas droit, disait Sénèque, si la votonté n'est
droite ; et à son tour, la volonté n'est droite que si l'âme, d'où
la volonté procède, est droite. » — Plus tard, saint Hilaire ré-
péta Sénèque plus simplement. « Il faut, dit-il chercher la vé-
rité avec simplicité et s'y tenir avec probité (3). » C'est en effet
par là que le peu de vérité que l'homme peut trouver, s'obtient
et profite.
                                       E.-P.   DUBOIS-GUCHAK.


  (1) Epit. 56. V
  (2) Premier sermon de la Trinité.
  (3) Epit. 85, Hil. ad const, I-IV.