Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                          DU SURNATUREL.                             449
  eu de tout cela, il est comme impossible que les hommes se le
 fussent imaginé (1). »
    Ainsi, bien avant que le christianisme apparut au monde, il
 n'y avait pas un coin de la terre où le surnaturel ne se trouvât
 en possession des esprits. Et, il existait si bien que le paga-
nisme (et nous l'avons déjà montré), ne rencontra pas d'abord
de meilleure défense contre son rival que le surnaturel. Incapa-
ble de lutter avec ses théories incohérentes et ridicules contre
les doctrines si harmonieuses et'si sublimes du christianisme, il
se croyait son égal sur le terrain du miracle. Aussi, son plus
grand soin était-il de se mettre en quête de prodiges et de thau-
maturges.
   Tout le monde connaît l'histoire de Simon le Magicien qui
s'était fait en Orient une si grande réputation qu'on l'avait sur-
nommé la vertu de Dieu (2). Appelé à Rome, ce charlatan y
accomplit une série de prestiges que les auteurs ecclésiastiques
ont rendus célèbres, et qui aboutirent à une catastrophe pour
lui, grâce aux prières du prince des apôtres. Quelques années
après, on fit grand bruit de certaines guérisons opérées, dit-
on, par Vespasien dans la capitale de l'Egypte. Et il faut bien
que de tels faits aient eu, à l'époque, un sérieux retentissement,
puisque Suétone et le grave Tacite (3) n'ont pas dédaigné de les
raconter. Seulement, ces deux historiens ne sont point d'accord
sur les circonstances de ces prodiges; et le premier en trahit
assez naïvement le côté faible quand il dit : « L'élévation ino-
pinée et encore récente de Vespasien ne lui ayant point donné
l'autorité et la majesté du principat, il les acquit par ce moyen. »
Auetoritas et quasi majestas quœdam, ut scilieet inopinato
adhuc et novo principi deerat : hœc quoque accessit (4). En ef-
fet, un empereur qui accomplit un miracle par spéculation,
César qui a besoin d'un miracle pour augmenter le prestige de

  (i) Pensées,rart xv.
- (2) Hic est virtus Dei qaœ voeatur magna. ÂctaÂpost. c. TIH, 10.
  (3) Voir Tacite. Hist. lib. iv, e. 82.
  (4) In Vespas. c. 7.
                                                         29