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450 DU SURNATUREL sa puissance! Quelle recommandation pour un fait surnaturel! 11 fallait au paganisme un grand thaumaturge, un thauma- turge de profession, et il crut l'avoir trouvé dans Apollonius de Thyane, philosophe péripatéticien qui, né à l'époque dn Christ, parcourut en entier la carrière du premier siècle de notre ère. Ce personnage singulier se montra, dit-on, à la majeure partie du monde connu, étonnant les multitudes par ses prestiges, en même temps qu'il les séduisait par la simplicité de ses mœurs, son mépris des richesses et les autres vertus de pa- rade que professaient alors les philosophes de* toutes sectes ; ce qui était déjà une spéculation du paganisme. Dans ses nombreuses pérégrinations, Apollonius avait puisé à toutes les sources d'instruction. Les Gymnosophistes de l'Egypte et de l'Ethiopie lui avaient ouvert les secrets de leur science; les Brachmanes de l'Inde, ceux de leur sagesse; les écoles de la Grèce, les trésors de leur enseignement. Vers la fin de sa vie, il se transporta à Rome pour s'en faire admirer. Il rencontra dans celte ville, des aVentures dignes de son caractère. Puis, après s'être arraché, non sans peine, à la tyranDie de Domitien, il revint en Asie pour s'y éteindre, à l'âge de près de cent ans, dans une obscurité mystérieuse. Un siècle plus tard, le rhéteur Philostrate écrivit la vie d'A- pollonius, à la sollicitation de l'impératrice Julie, femme de Sévère, et sur les notes laissées par Damis, Maxime et Méragène, compagnons du thaumaturge. On se demande ce que peut bien être une telle biographie commandée par la femme d'un des plus grands persécuteurs du christianisme, et composée par un rhéteur sur des renseigne- ments si peu authentiques. Cependant, le temps, qui a détruit tant de chefs-d'œuvre, nous a conservé le livre de Philostrate. Photius, dans sa bibliothèque, en loue l'élégance, la clarté, le coulant du style ; ce qui n'est pas important ; mais, il en atta- que fortement la véracité; ce qui donne la mesure de l'œuvre. D'après son récit, Apollonius aurait rempli le monde de ses merveilles ; il aurait prédit l'avenir, annoncé avec précision à (ses auditeurs presenîs ce qui se passait en même temps à une