Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
162                          POÉSIE.
         En proie aux terreurs de la faim,
         Qu'elle est triste la pauvre abeille !

         Volant de coteaux en coteaux,
         Visitant les bois et la plaine,
         Elle avait pétri ses gâteaux ;
         De miel d'or la ruche était pleine.

         La main du maître a tout brisé ;
         Son doigt, fouillant à l'aventure,
         Par l'avarice électrisé,
         Au couvain même a fait injure.

         Puis les orages sont venus,
         La tourmente, l'autan, la neige ;
         Qu'ils étaient tristes, froids et nus
         Ces abris que la pluie assiège !

        " Faut-il succomber et mourir ?
          Non, comptons sur la Providence ;
          Je vois le Printemps accourir
         Avec les fleurs et l'espérance.

         C'est le soleil ! Prends ton essor,
         Pauvre abeille, reprends courage ;
         Dans chaque fleur au doux trésor,
       - Plonge ton aile et ton corsage.

        Refais et ta cire et ton miel,
        Butine au loin dans la prairie ;
        Profite des douceurs du ciel,
        Sans craindre des vents la furie.

        Et toi qui guettes cet essaim
        Bourdonnant sous l'épaisse treille,
        Maître, attends l'automne prochain,
        Et sois moins dur pour ton abeille.
                                        Aimé     VINGTRINIER.   '

24 Février 1873.