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LE TABLEAU DU PÉRUGIN AU MUSÉE DD LYON. id Le Gouvernenent, se souvenant que chaque ville de France avait participé, par ses soldats, aux nouvelles con- quêtes, voulut que ces richesses artistiques fussent répar- ties dans le pays entier. Des ordres furent donnés pour la formation des Musées dans les départements , et surtout dans les principales villes. Ainsi, à chaque conquête, une partie du butin artistique leur fut distribuée. Cette mesure, si louable en elle-même, fut marquée par un acte de vandalisme le plus incroyable et le plus inin- telligent qui ait jamais été signalé à la réprobation publi- que. En 4805, le directeur des Beaux-Arts eut la déplorable idée de découper le tableau de l'Ascension par le Pérugin, tableau qui faisait partie des collections du Musée de Paris. Il osa porter le fer sur le panneau où le pinceau du maître de Eaphaël avait tracé une des plus belles pages dont l'école ombrienne puisse se glorifier. Les moulures dorées qui, suivant l'usage des xrve et xve siècles, étaient fixées au panneau même et divisaient les trois sujets de la pradelle, furent arrachées et brisées ; la peinture fut divisée en trois parties inégales ; la cour cé- leste où se voyait le Père Eternel bénissant sonfilsmontant ' au ciel, fut détachée et donnée à une église de Paris : les trois traits de l'histoire du Sauveur furent découpés, don- nés au Musée d'une ville du Nord, et la grande peinture principale envoyée à Lyon. • Tous les amis des Arts gémirent de cette mutilation aussi absurde que barbare, aussi anti-religieuse que ce- lui qui en fut l'auteur, dénotant l'absence du moindre sentiment artistique, et rendant incomplète la composition de ce magnifique ensemble. En effet, ie haut de la scène céleste isolée ne se rattache plus à rien. Dans le tableau principal, les anges, les re-